MOOC Consommer responsable Didier Mulnet, responsable de formation de formateur en EDD, ESPE Clermont-Auvergne Introduction Les mécanismes de diffusion des connaissances de notre système éducatif sont essentiels à la transition vers un consumérisme responsable. Didier Mulnet, enseignant à l'université de Clermont-Ferrand présente les cinq compétences illustrées dans le guide de référence développement durable développé par un groupe de travail issu de la conférence des présidents d'universités et de la conférence des grandes écoles. Il souligne les enjeux sous-jacents, et notamment la nécessité de changer de paradigme éducatif et de développer des outils de formation mieux adaptés avec, pour finalité, une façon de voir le monde dans sa globalité et l'exercice d'une responsabilité basée sur des valeurs éthiques. Maintenant, passons la parole à Didier Mulnet, responsable de formation de formateur en EDD, ESPE Clermont-Auvergne Intervention de Didier Mulnet Le référentiel, qu'il vaut mieux appeler guide de référence, "former des acteurs au développement durable" qui a été élaboré par la conférence des présidents d'université et la conférence des grandes écoles met en avant cinq métacompétences. Avoir une vision systémique et la mettre en œuvre, avoir une vision prospective et la mettre en œuvre, articuler les compétences individuelles et collectives, articuler, permettre, favoriser l'émergence de changement, mais aussi exercer sa responsabilité dans un cadre éthique. Voilà fondamentalement les cinq grandes compétences qui ont été organisées, décomposées en cinq leviers pour l'action. Le premier levier, ce sont les connaissances élémentaires. Savoir, connaître. C'est ensuite identifier les ressources mobilisées dans ces savoirs. C'est ensuite analyser, comprendre, se positionner, proposer pour pouvoir agir et évaluer avec des constantes interactions entre ces leviers. Il n'y a aucune linéarité dans ces questions-là. Quelques exemples pour mieux comprendre. Si l'on veut comprendre les gaz à effet de serre, mais qu'on ne parle que de certains gaz à effet de serre, de leurs effets, on rend compliqué ce qui est complexe. On ne comprend plus rien si on ne prend pas tout en compte. Si on se sert de l'émotion, de l'esthétique comme dans l'image du milieu, si on ne réfléchit pas aux vraies causes en s'en remettant à l'investigation sans réduire les problèmes, effectivement, on tombera sur une solution toute faite style éolien qui n'est que partielle. La réponse est beaucoup plus complexe. On ne veut pas non plus considérer uniquement la consommation des ménages, car vous voyez que ça ne représente que le quart de l'histoire. On est obligé de raisonner en énergie grise globale. Si maintenant je m'intéresse à cette histoire du gland du chêne, le problème est simple. Le réchauffement climatique remonte en France plus vite que les possibilités de migration du gland vers le nord en liaison avec les possibilités de dissémination par le geai. C'est un problème de vitesse dans une perspective où l'évolution se poursuit toujours au même rythme. Si l'on revient aux facteurs quatre, énergie en France. Effectivement, on voit qu'on a des chiffres, mais on ne comprend rien à ces chiffres. La petite courbe, on a du mal à concevoir que l'augmentation d'un phénomène de 3 % par an conduit au doublement de ce phénomène en vingt-cinq ans. Mais ce qui est possible dans un sens, une augmentation de, l'est aussi dans l'autre sens, une diminution de 3 % de la consommation conduit à une division par deux de la consommation en vingt-cinq ans. Amplification dans le temps, amplification dans l'espace, mais ce sont aussi des perspectives positives. En fait, on y peut quelque chose quand on va de l'individuel au collectif et vice versa. Concernant les objectifs de 2020, moins 18 % d'énergie. On y est à 20 % d'énergie pour 2020. Ça ne pose pas de problème sauf que nos chiffres sont faux. On oublie de prendre en compte que le PIB est pratiquement nul. Or, le PIB est corrélé à la consommation d'énergie. On oublie qu'on a exporté pratiquement toute notre production d'énergie. Effectivement, ces chiffres sont des chiffres très tendancieux. Changements. Les changements sont les changements volontaires ou subis, progressifs, rapides. Des changements qui sont positifs ou négatifs, encore ça ne veut pas dire grand-chose, qui sont réversibles ou non. En fait, c'est la question à se poser. On s'accommode au changement ou on réagit à ces changements et on entre en rupture. Effectivement, à partir de ça se posent les questions du sens que l'on met sur éthique. Éthique des vertus, ce sont mes valeurs, éthique des normes, ce sont les normes que me donne la société, éthique déontologique, il y a des trucs qu'on ne fait pas, éthique conséquentialiste, tous les moyens sont bons pour. Fatalement, par rapport à ça, effectivement nous avons des enjeux. Vu la quantité d'énergie que l'on consomme convertie en euros, ce sont 63 milliards d'euros par an, ça fait 280 milliards d'euros d'ici 2050. On a là les possibilités de rentrer dans une simple transition ou on a la possibilité de rentrer dans une quasi-révolution énergétique. Là, c'est une question de choix. Tout ceci est vraiment de notre responsabilité et de l'éthique que l'on va adopter. Pour résumer, ce guide de référence met en avant des compétences systémiques, prospectives, collectives, responsabilité et éthique, et changements, mais il ne faut pas voir ça comme des compétences séparées. C'est l'articulation, cette spirale d'évolution entre les trois qui importe. Chacune de ces compétences a été subdivisée en cinq dimensions ou plutôt leviers pour agir, mais ces cinq leviers ne sont pas linéaires. On peut commencer à une dimension trois, passer à la dimension quatre, revenir à la dimension un. On a des retours en arrière, des sauts, des passerelles entre des compétences. En fait, c'est plutôt une spirale évolutive qui passe de compétence en compétence en repassant par chaque compétence. Pour conclure, quels sont les enjeux éducatifs ? Nous avons des compétences systémiques et prospectives, scientifiques, techniques. Nous avons d'autres compétences individuelles et collectives en termes de changement qui sont plutôt dans le domaine des sciences humaines, de l'anthropologie, de la sociologie, de la psychologie. Tout ça avec une finalité. Tout ça pour quoi ? Pour exercer une responsabilité en fonction de valeurs éthiques. En fait, ce guide de compétences nous propose une nouvelle façon de voir le monde. On ouvre différentes fenêtres. Et si on n'ouvre qu'une ou deux fenêtres, on ne voit le monde que par le petit bout de la lorgnette. Si on ouvre simultanément toutes ces fenêtres, on voit le monde dans sa diversité. Pour le voir en intégralité, il faut ouvrir toutes ces fenêtres et traiter simultanément l'ensemble de ces compétences. Maintenant, quel est notre problème ? Notre problème, c'est que nous n'avons pas encore les outils de formation à ces différentes compétences systémiques, prospectives et autres. Et ces outils, il va falloir les créer. Par ailleurs, il va falloir créer aussi des scénarios pédagogiques pour mettre en œuvre tout cela dans des situations en contexte. Et enfin, se pose une question toute bête. Continue-t-on de faire une éducation faible dans un type scolaire, dans une forme scolaire ou passe-t-on à une éducation forte avec de véritables changements de paradigmes d'un point de vue éducatif. Y sommes-nous prêts ? La question est ouverte. Conclusion L'éducation au développement durable passe par une réforme des modes d'apprentissage : mais sommes-nous prêts à aller vers un véritable changement de paradigme éducatif ?