MOOC Consommer responsable EPISODE 5 - Les fondements pour un consumérisme responsable Auteur : Laurence Griveaux Elle : Petit à petit, je me rends compte à quel point il faut vraiment se méfier de tout. Notre époque est vraiment incroyable parce que, plus nous nous modernisons, plus nous nous autodétruisons. Tu ne trouves pas ça contradictoire ? Lui : Si. Le vieux proverbe de Rabelais est toujours d'actualité. Lequel ? Science sans conscience n'est que ruine de l'âme. Elle : Ah oui, donc ça, ça voudrait dire que la science doit être soumise à la moralité pour éviter des débordements. Lui : Exactement. L'homme a tendance à s'effacer devant la science qui dirige sa vie. Pourtant, la science est extérieure à l'homme contrairement à la conscience. Elle : Oui. Donc en fait, la conscience a du retard sur l'intelligence. Lui : Donc, la science et les sciences humaines devraient être indissociables. Ce qui permettrait, pour chaque nouvelle invention, d'en mesurer les impacts sur la société. Elle : Oui, ça, c'est de la philosophie. Ce n'est plus de l'écologie. Lui : La philosophie devrait être intégrée à la science, car la science sans morale peut mettre en danger les populations, comme c'est le cas avec la bombe atomique, par exemple. Elle : Eh oui, et puis finalement, le réchauffement climatique, c'est comme une bombe atomique à retardement. Lui : D'une certaine façon, oui. D'ailleurs, la reconnaissance du crime contre l'environnement avance avec l'initiative écocide. Elle : Mais avec toutes ces réglementations, je ne comprends pas qu'on puisse encore fabriquer des produits dans de telles conditions. Lui : Je comprends que ça te choque, mais heureusement, tout n'est pas perdu. Plus les consommateurs seront informés et les jeunes formés, plus nous maîtriserons notre destin. Elle : Oui, mais la société nous pousse à consommer plus, toujours plus. C'est vrai, à peine tu as acheté un produit qu'il est déjà périmé, il y en a un autre qui arrive. Et ça te donne envie ! Enfin, je ne sais pas comment on va faire pour freiner ce processus. Lui : Tout le monde court après l'argent. La concurrence est rude et la morale n'est plus au goût du jour. Je pense qu'il est urgent de revoir les principes diffusés sur le consumérisme. L'achat de produits à tout va n'est plus adapté à notre planète. Elle : Alors comment peut fonctionner une entreprise aujourd'hui ? Lui : Est-ce que tu connais la responsabilité sociale des entreprises ? Elle : Oui, ça, c'est la norme ISO 26000. Lui : C'est ça. Ça questionne la responsabilité des entreprises vis-à-vis des impacts, de ses décisions et de ses activités sur l'environnement et sur la société. Elle : Et qui sont les acteurs impliqués ? Lui : Ça, c'est la question de la responsabilité. Est-ce que tout repose sur l'état ? Sur les consommateurs ? Ou sur les entreprises ? Elle : Oui, c'est comme l'histoire des journaux à scandale. Il y en a qui disent qu'ils existent parce qu'il y a des lecteurs, et d'autres, parce qu'il y a cette presse qui existe, il y a des lecteurs. Lui : C'est le poisson qui se mord la queue, mais nous devons tous réagir sinon il n'y aura même plus de poisson. Elle : Même plus de poisson d'avril ? Lui : Sérieusement ? En fait, ce que j'essaye de dire, c'est que la science n'est pas le dernier mot de la conscience du monde. Il faut en plus la connaissance du bien et du mal. Elle : Oui. Donc, il faut un regard écologique et moral en parallèle du développement technique. Moi, je crois vraiment que le développement durable, ça devrait être obligatoire. Lui : Oui, et surtout enseigné de façon intégrée à toutes les formations et plus en parallèle. D'ailleurs, les formations économiques et commerciales devraient être ciblées en priorité parce que c'est là que sont appris et développés les modèles d'affaires responsables de demain. Elle : Tu as raison parce que ma nièce, par exemple, suit une formation en commerce. Effectivement, ces notions sont peu voire pas du tout abordées. Lui : Je vois que tu es convaincue à présent. Elle : Oui. Seulement voilà, je trouve que, finalement, avec la technologie, on est envahi par l'information et on ne prend pas du tout assez de temps pour réfléchir, tirer les bonnes leçons pour notre conduite. Lui : C'est ça. On a l'illusion d'être mieux informé alors que c'est souvent le contraire. Elle : Finalement, c'est peut-être le rôle de la culture, par le biais de films, de romans ou de cours, de nous faire réfléchir à cette information qui est vraiment devenue obèse. Lui : L'information n'est pas la connaissance qui elle-même n'est pas la sagesse. Tu sais, les missions de l'enseignement évoluent aujourd'hui. Montrer le ou les chemins est devenu essentiel.