MOOC Consommer responsable S2.4 – Formes alternatives de consom’action Violeta Ramirez, anthropologue visuelle à l'université Paris Ouest Nanterre La Défense Introduction Toute la croissance économique du vingtième siècle a été possible grâce à la disponibilité d'un pétrole abondant et bon marché. Depuis 1920, chaque année, on a exploité plus de pétrole et chaque année nos sociétés ont augmenté leur mécanisation et leur production ainsi que leur interconnexion globale. Les habitudes des consommations de la population mondiale, et surtout celle de l'Europe occidentale, se sont adaptées à ce modèle de croissance. L'obsolescence programmée des produits et les valeurs de la société de consommation diffusées par la publicité ont conduit à l'hyperconsommation des biens et à l'augmentation des déchets. Nous savons maintenant que ces modèles de production et de consommation sont à l'origine de la crise écologique à laquelle doivent faire face nos sociétés. Bien que pour la majorité de la population, les habitudes des consommations restent celles associées au modèle de croissance dont je viens de vous parler, une minorité croissante des citoyens cherche à trouver de nouvelles formes de consommer responsables à l'égard de l'environnement. Ces citoyens engagés réorientent leur pratique quotidienne vers des façons de vivre plus sobres énergétiquement et moins agressives envers la nature. Cela va de gestes simples, comme modifier son régime alimentaire, éviter les produits emballés, réparer et recycler autant que possible, aux actions nécessitant davantage d'organisation, comme la création de jardins partagés et l'installation de systèmes d'énergie renouvelable. Je vais maintenant vous présenter trois courtes vidéos qui résument mes terrains de recherche. Ces vidéos montrent des citoyens vivant en France avec des modes de vie et de consommation sobres en énergie, en matière d'habitat, de traitement des déchets et d'utilisation des espaces verts. 1. L’habitat De plus en plus de familles, mobilisées par un souci environnemental, choisissent de construire leur maison en utilisant des matériaux écologiques et locaux. « C'est de la terre avec de la paille et de la fermentation. » Nous observons, dans ce cas, une forte contribution de l'autoconstruction au moment de bâtir l'habitat. Ainsi, avec l'aide des bénévoles et des voisins, toute la famille se met à participer à la construction artisanale de la maison. Les habitats écologiques sont souvent sobres en consommation énergétique et produisent par eux-mêmes l'énergie nécessaire pour faire face aux besoins de leurs habitants. Les panneaux solaires photovoltaïques et thermiques produisent de l'électricité et l'eau chaude. « Parce qu'un frigo, ça fait un petit peu de bruit quand ça démarre. Donc, on est ravi de pouvoir le mettre dehors. Et puis raison supplémentaire qu'il soit dehors, c'est que l'hiver, il ne démarre pas. Il fait déjà suffisamment froid donc on consomme encore moins d'énergie. » 2. Les déchets De nombreux citoyens mettent en place différentes stratégies pour réduire les volumes des déchets. Parmi elles, plusieurs initiatives visent à la réduction du gaspillage alimentaire produit tous les jours dans les cantines, supermarchés et marchés des fruits et légumes. « Certains jours, on trouve cent ou deux cents melons, des quantités au-delà de ce qu'on peut, bien sûr, ramasser et même consommer. » Les marchés d'occasion comme celui tenu par les biffins permettent aux objets utilisés et éliminés de prolonger leur vie utile dans les mains de quelqu'un d'autre. Enfin, le compostage pratiqué dans des jardins constitue une stratégie pour réduire les volumes d'ordures ménagères. 3. L’agriculture urbaine La végétalisation des toits des immeubles et la création des jardins partagés est une idée de plus un plus acceptée et mise en place tant par les autorités locales que par les habitants et les associations civiles. Les bienfaits de ces actions sont multiples. D'abord, la végétalisation des espaces urbains offre un moyen de lutter contre le réchauffement climatique et les îlots de chaleur en ville en plus d'améliorer les qualités du sol et de l'air. Par ailleurs, l'agriculture urbaine est une manière de rendre les populations urbaines plus autonomes en terme d'approvisionnement d'aliments. Plus on produit de végétaux, moins on est dépendant du transport d'aliments et moins on pollue. Finalement, le travail dans le jardin est une manière de construire du lien social entre voisins et de récupérer des savoirs sur la terre devenus rares dans nos sociétés. En conclusion Nous venons de voir des exemples de mode de vie et de consommation qui visent la sobriété énergétique où les citoyens participent et s'impliquent physiquement dans la construction de leur habitat, dans l'obtention de la nourriture et dans la gestion des déchets et des espaces verts de la ville. Dans tous ces cas, le souci environnemental se trouve à la base du changement d'habitude de consommation. Ces citoyens engagés se sont donnés la mission d'inventer de nouvelles manières de consommer et de vivre respectueuses de la nature et des générations futures. Ces initiatives locales d'appropriation des problèmes globaux me semblent être précieuses et méritent toute notre attention.