MOOC Consommer responsable S2.4 – Lien entre impacts et services écosystémiques Sylvain Boucherand, cofondateur du cabinet B&L Évolution, spécialisé sur les enjeux RSE, Énergie et Biodiversité. Introduction Dans cette vidéo, nous allons traiter des liens qui existent entre les entreprises et les services écosystémiques. Tout d'abord, je vais présenter les différentes catégories de services écosystémiques puis les impacts sur la biodiversité des activités humaines, et nous en déduirons les liens d'interdépendance entre les entreprises, et donc leur produit, avec la biodiversité et les services écosystémiques. Je terminerais par un exemple pour illustrer. 1. Présentation des services écosystémiques Voyons la définition des services écosystémiques. Vous l'avez vu, la biodiversité n'est pas seulement une collection d'espèces animales ou végétales, mais bien un ensemble vivant, des organismes, des espèces, des écosystèmes qui sont en interaction les uns avec les autres. Ce système vivant produit un certain nombre de biens et de services appelés services écosystémiques. Ils sont généralement regroupés en quatre catégories. Tout d'abord, les services d'approvisionnement qui correspondent aux matières et biens tangibles que nous retirons de la nature. Par exemple, le bois d'œuvre, la nourriture, les fibres végétales, mais également l'eau douce, les ressources génétiques ou encore la biomasse combustible. Il y a également les services de régulation qui correspondent aux bénéfices que nous tirons des processus de régulation des écosystèmes, par exemple, la régulation du climat, de l'eau, des maladies, de l'érosion des sols, mais également la pollinisation ou le traitement des déchets. Viennent ensuite les services culturels qui sont les bénéfices intangibles tels que les valeurs spirituelles ou religieuses, l'esthétique, les loisirs ou la culture liés à la biodiversité. Enfin, les services dits de soutien sont les processus naturels de base nécessaires à la production des autres services, par exemple, le cycle de l'eau, la photosynthèse, la formation des sols ou encore le cycle de nutriments. 2. Lien avec notre société : les impacts générés Voyons maintenant les liens avec notre société et les impacts générés. Aujourd'hui, on sait que l'ensemble des sociétés humaines et l'économie dépendent du bon fonctionnement des écosystèmes. En effet, les services qu'ils produisent et dont nous tirons un bénéfice sont à la base de l'ensemble de nos activités. Toutes les entreprises sont donc directement ou indirectement, via leurs fournisseurs, leurs clients, leurs partenaires, nous y reviendrons, dépendantes d'un certain nombre de services écosystémiques. D'un autre côté, de par leurs activités, les entreprises impactent la biodiversité et les services écosystémiques. Classiquement, on regroupe en cinq grandes catégories les types d'impacts qui participent à l'érosion de la biodiversité. - Tout d'abord, la destruction, la réduction et la fragmentation des habitats naturels. L'urbanisation croissante et l'expansion des terres agricoles conduisent à l'assèchement de zones humides, à la disparition de prairie, à la destruction de forêts réduisant ainsi l'espace que les espèces peuvent occuper et les corridors dans lesquels elles peuvent se déplacer, détruisant les habitats de certaines espèces. - Ensuite, la surexploitation de certaines espèces via la surpêche, la déforestation, le braconnage, renforcés notamment par le commerce illégal, le chiffre d'affaires annuel pour le trafic d'animaux sauvages se monte aujourd'hui à cinq milliards de dollars. - Il y a également les pollutions, de l'eau, des sols et de l'air, dont les pollutions agricoles, l'usage excessif d'insecticide ou d'herbicide, en particulier, les pollutions industrielles, etc. Elles ont pour effet, par exemple, d'acidifier les océans, les sols, d'empoisonner des espèces, de perturber des cycles biologiques. - Il y a aussi la dissémination d'espèces exotiques envahissantes. Par exemple, les tortues de Floride, ou le frelon asiatique pour la France, modifient les écosystèmes dans lesquels elles sont introduites et font courir des risques aux espèces déjà présentes, comme la compétition pour l'accès aux ressources ou la prédation. - Enfin, il y a le changement climatique qui s'ajoute aux autres causes. Il y a des effets directs sur la biodiversité et, également, dans certains cas les aggravent. Ce sont les effets indirects sur la biodiversité. Ils contribuent à la modification des conditions de vie des espèces les forçant à migrer ou à s'adapter, par exemple, les migrateurs ont tendance à partir plus tôt dans l'année ou à ne plus voyager. Ce que toutes les espèces ne sont pas capables de faire en si peu temps. 3. L’interdépendance qui nécessite la préservation de la biodiversité Voyons maintenant l'interdépendance qui nécessite la préservation de la biodiversité. Il est aujourd'hui nécessaire pour les entreprises de prendre conscience de cette interdépendance et d'agir en faveur du maintien de la biodiversité, que ce soit pour prévenir les risques opérationnels, ruptures d'approvisionnement, dégradation de la qualité des matières premières, les risques financiers, augmentation des coûts des assurances, les risques d'image ou de réputation et la pression des parties prenantes. Comme on le voit sur le schéma, une démarche de biodiversité vise d'une part à réduire les impacts de l'entreprise sur la biodiversité, mais également à identifier les dépendances aux services écosystémiques. Il s'agit même d'une véritable opportunité qui s'offre aux entreprises pour innover, mobiliser leurs équipes, qui s'intégrera et renforcera leur politique de responsabilité sociétale et de développement durable. Donc, comme nous l'avons vu, toute entreprise a une influence directe ou indirecte via sa chaîne de valeurs, notamment sur les écosystèmes. Les impacts directs sont liés à leurs activités, les impacts indirects peuvent avoir lieu à une grande distance des sites de production de l'entreprise via l'importation de biens et de services, par exemple. C'est ce que l'on appelle la chaîne de valeur de l'entreprise. Cela comprend à la fois des processus de création de valeur internes à une entreprise, mais également, l'ensemble des entreprises de la filière qui contribuent chacune à la création de valeur du produit et/ou service final. C'est ainsi tout le cycle de vie des produits et services qui est pris en compte. Ces types d'impacts et de dépendance globaux ne sont pas encore bien pris en compte par les entreprises même si des réflexions sont en cours, notamment au travers du projet de loi sur le devoir de vigilance ou la plate-forme nationale RSE. 4. L’exemple d’un produit de consommation Voyons maintenant un exemple de produit de consommation. Pour illustrer, je vais prendre un produit que nous possédons tous, un sac à dos que vous voyez en haut du schéma. Si nous nous concentrons uniquement sur l'usine de fabrication des sacs à dos qui consiste, pour simplifier, à teindre et à assembler différents morceaux de tissus, nous trouverons alors les impacts liés au rejet de polluants dans l'eau, à l'émission de gaz à effet de serre en fonction du type d'énergie utilisée, ainsi que le mode de gestion des espaces verts du site. Du côté des dépendances aux services écosystémiques, on identifie notamment les consommations d'eau, éventuellement les usages récréatifs du site pour les employés et les habitants. Si l'on s'intéresse maintenant à la chaîne de valeur, en remontant aux matières premières, on peut identifier d'autres impacts et dépendances à la biodiversité, par exemple, pour les tissus qui proviennent de fibres végétales ou les encres qui peuvent provenir de pigments naturels issus de fleurs. Nous identifierons également les impacts comme la consommation d'eau, la fragmentation des territoires ou la surexploitation des espèces. En aval de l'activité de fabrication des sacs, on peut identifier les impacts du transport sur la biodiversité, comme les émissions de gaz à effet de serre ou la dissémination d'espèces, mais également la dépendance à la régulation du climat et de l'eau dans le cas du transport fluvial, par exemple. Enfin, les étapes d'utilisation du sac et de fin de vie génèrent également des impacts sur l'eau lors du lavage ou des pollutions lors de la destruction du sac. Avec cet exemple se dessinent également les sources potentielles d'innovation que révèle cette analyse globale sur la chaîne de valeurs de l'interdépendance d'une entreprise à la biodiversité et aux services écosystémiques. Conclusion Ainsi, pour conclure, je dirais que l'approche chaîne de valeur montre à quel point les produits et services que nous achetons tous les jours sont inter-reliés à la biodiversité et aux services écosystémiques tout autour de la planète, et doit donc, nous inciter à une plus grande responsabilité dans nos actes de consommation.