MOOC Consommer responsable 2.2 - Diagnostic de la qualité écologique des territoires : l’expérimentation Ecoaudit Catherine Klein, Directrice des services de l'environnement à la ville de Nanterre Introduction Au cours de l'année 2014-2015, la ville de Nanterre a participé en tant que terrain d'expérimentation à un projet universitaire en vue de l'établissement d'une cotation environnementale d'un territoire. Ce sont cinq étudiants du Master sciences et génie de l'environnement de Paris Diderot qui ont travaillé en collaboration avec des étudiants du Master Miage de Paris Ouest Nanterre La Défense. 1. Quels ont été les objectifs de ce projet ? En tout premier lieu, créer une application smartphone pour rendre accessibles les résultats d'une qualité écologique d'un territoire à l'ensemble des acteurs dudit territoire, à savoir les entreprises, les citoyens et les collectivités locales en charge de ce territoire. Deuxième objectif, doter les décideurs locaux d'un outil d'aide à la décision pour les accompagner dans leurs choix en matière d'aménagement. Troisième objectif qui découle du second, c'est postérieurement à des aménagements, avoir un outil de mesure là aussi, rapide, permettant d'évaluer l'impact des aménagements réalisés. 2. Quels résultats pour cette cotation environnementale ? Les résultats attendus à travers cette cotation environnementale, c'est le nom du référentiel donné à ce projet, c'est d'arriver à superposer les indicateurs de qualité qui concernent cinq grands domaines environnementaux à savoir la qualité de l'eau, de l'air, l'état de la biodiversité, la pollution des sols et le niveau de bruit. 3. Quel intérêt pour une collectivité territoriale de participer à ce projet ? S'agissant des cinq grands domaines environnementaux qui sont étudiés, nous disposons de données relativement disparates sur l'ensemble des thématiques. Par exemple, s'agissant de la pollution des sols et du bruit, nous avons des données recueillies au niveau infra communal. Nous avons également une vision assez fine de l'état de la biodiversité à travers des études faunistiques et floristiques nous avons menées en interne. En revanche, s'agissant de la qualité de l'eau, nous n'avons pas de données puisque par définition l'eau doit respecter la réglementation. Ce qui se rapproche le plus d'une connaissance environnementale globale est celle dont nous disposons ponctuellement à l'occasion des projets d'aménagement dans le cadre des études d'impact. Il serait donc intéressant pour nous de disposer d'un référentiel nous permettant d'appréhender le territoire en véritable écosystème. 4. Zoom sur trois aspects méthodologiques Le premier, c'est l'importance du travail consacré à la constitution de bases de données. Un travail important sous l'égide de référents experts dans tous les domaines a été fait à la fois à partir des études et données mises à disposition par la ville, mais aussi sur des données accessibles et libres de droits, ce qui est extrêmement important pour la suite et la pérennité de ce type de projets. Deuxième aspect méthodologique essentiel, le choix de la maille. La maille étant le sous-découpage territorial le plus fin dans lequel les résultats vont être étudiés. En l'espèce, nous avons retenu une maille de cinq-cents mètres de côté, ce qui correspond à un tissu urbain à la fois dense et aux caractéristiques mixtes. Maille à confronter donc et à étudier sur d'autres territoires pour voir sa pertinence. Troisième aspect méthodologique, le caractère simple et intuitif de la formalisation des résultats puisqu'on est sur un code couleurs allant de vert à rouge et sur un lettrage de A à D, donc similaire à l'impact énergétique des bâtiments. 5. Quels sont les résultats de ce projet ? Nous avons réussi à obtenir une première représentation des résultats sur le territoire, ce qui est une bonne chose, mais nous avons été surpris paradoxalement par la bonne qualité générale des notes obtenues dans la mesure où les résultats sont relativement lissés tout simplement parce qu'ils respectent des critères réglementaires. Conclusion En conclusion, je voudrais m'arrêter sur quelques questions ouvertes auxquelles je n'ai pas forcément de réponses, mais qui peuvent permettre sans doute de poursuivre le champ de la réflexion. Premier élément, on l'a vu, un temps important doit être consacré à la constitution des données. Donc première question : quel système économique, quels sont les acteurs économiques susceptibles de contribuer au financement et au développement ? Deuxième question : si on part du principe que l'outil est perfectible, et il l'est certainement, on peut imaginer arriver à des résultats de plus en plus fins, de plus en plus contrastés. On va donc avoir des territoires de très bonne qualité écologique et d'autres avec un impact et des pollutions importants. Il est donc important d'associer dans l'analyse les collectivités et les propriétaires pour arriver à résoudre les problèmes des territoires. Troisième et dernier élément et c'est sans doute le plus positif, c'est celui qui concerne les citoyens. Si on imagine que cet outil est véritablement un outil d'interpellation des pouvoirs publics, il peut permettre de répondre à des questionnements qu'on a aujourd'hui dans la société qui sont ceux de la montée des questions environnementales et de santé publique.