MOOC Consommer responsable EPISODE 2 - La difficulté d'apprécier le niveau de dégradation de l'environnement Auteur : Laurence Griveaux Elle : Si je comprends bien ce que tu me disais tout à l'heure, acheter, user, jeter, ce n'est plus à la mode. Lui : Je dirais que ce n'est plus dans l'air du temps si on veut continuer à vivre et à respirer sainement. Elle : À ce point-là ? Et pourtant la société nous pousse à consommer toujours plus. Tiens par exemple, mon premier portable, celui-là je l'ai gardé longtemps et quand je suis arrivée à mon travail le premier jour, tout le monde s'est moqué de moi parce que j'avais une espèce de vieux bidule tout ringard. J'ai vraiment eu l'impression de passer pour une vieille, une has-been. Lui : Ça, c'est l'obsolescence psychologique. Elle : C'est quoi cette bête ? Lui : Tu as pensé que tu n'étais plus dans le coup parce que ton téléphone était dépassé par un autre, plus moderne. Elle : Oui. Lui : Donc, c'est l’obsolescence psychologique. Elle : Mais ce n'était pas psychologique, mais bien réel. Lui : En apparence oui, mais en vérité, ton téléphone fonctionnait encore très bien, n'est-ce pas ? Elle : Oui, même super bien. Lui : Donc, tu as changé ton téléphone pour une question de design et non pas pour un dysfonctionnement. Elle : Enfin bref, j'en ai racheté un autre et au bout de quelques mois, écoute, je ne sais pas pourquoi, la batterie ne se rechargeait plus. Lui : Ça, c'est l'obsolescence programmée. Elle : Ah oui, c'est encore de ma faute. Lui : En fait, c'est la faute des entreprises qui réduisent volontairement la durée de vie d'un téléphone pour t'obliger à en racheter un. Elle : Tu vois, ils nous manipulent. Lui : C'est pour ça qu'un consommateur averti en vaut deux. Elle : Ah non, alors là, on est déjà assez nombreux comme ça. Ça suffit. Lui : Ce que je veux dire, c'est que deux consommateurs avertis qui consomment intelligemment valent mieux qu'un, non averti, qui consomme abondamment. Elle : Ah tiens, à ce niveau-là, j'ai vraiment donné. Regarde ! Regarde ma collection. Je les ai tous gardés. Lui : Il y a plus de dix téléphones. Elle : Oui, c'est ça. Un par an ou un tous les deux ans. Lui : Ils ne sont pas tombés en panne au bout si peu de temps. Elle : Non, mais comment t'expliquer ? Enfin je ne sais pas, quand tu as goûté aux nouvelles technologies, tu as toujours envie de rester à la pointe de l'innovation. Non, mais je sais ce que tu vas me dire. Tu es une fashion victime. Lui : Non, marché captif. Elle : Tu vas arrêter avec ta science. Lui : Toi, tu préfères te faire manipuler ? Elle : Alors, vas-y, raconte. Lui : Alors, tu parles d'innovation, mais elle n'est souvent que partielle. Ils changent le design et ils te vendent du rêve. Elle : Bref, peut-être. En tout cas, moi, j'achète tous les accessoires à chaque fois qui vont avec. Lui : C'est ça, marché captif. Les accessoires sont incompatibles, ça t'oblige à tout racheter. Elle : Et c'est bête parce que plus aucun ne fonctionne. Lui : Mais pourquoi tu les gardes ? Elle : Je ne sais pas, c'est comme ça, je garde tout. Lui : Tu te rends compte si tout le monde faisait comme toi, le nombre de téléphones par habitant ? Et en plus, impossible de les réparer ou de les recycler vu qu'ils dorment tous dans ton sac. Elle : Au moins, je ne les jette pas n'importe où. Lui : Est-ce que tu mesures les impacts sur l'environnement ? Elle : Je ne pollue personne, franchement. Et puis l'environnement, je n'ai pas l'impression qu'il est aussi dégradé que ça, parce que, quand je me promène au parc, je vois des fleurs, des arbres, des abeilles. Lui : Tu peux te tromper dans ton évaluation de la pollution parce qu'elle n'est pas toujours visible à l'œil nu. En fait, c'est un peu comme un vase qui un jour devient trop plein, déborde et on ne peut plus rien faire. C'est parfois difficile de voir ce que la nature nous offre gratuitement. Elle : Alors je suis une criminelle, c'est ça ? Lui : Non, mais les ressources naturelles ne sont pas illimitées, tu vois. Donc, il faut y faire attention. Bientôt, l'open data nous permettra d'avoir un accès aux données locales et nous aidera dans cette prise de conscience. Elle : Donc, je n'ai plus le droit de me faire plaisir. Lui : Si, mais un comportement éco-responsable résulte d'une conscience qui s'éveille.