MOOC Consommer responsable Gilles Bœuf, Professeur à l’université Pierre et Marie Curie (UPMC) Conseiller scientifique au M.E.E.M (EX-M.E.D.D.E) et au M.N.H.N Introduction Ce qu'il faut bien expliquer aux gens qui nous écoutent, c'est ce côté indispensable de l'humain d'aller chercher des ressources dans la nature et dans le vivant. La biodiversité, il faut bien le dire, ce n'est pas synonyme de nature, c'est la partie vivante de la nature. La nature existe depuis que la Terre existe et l'humain va y chercher des ressources minérales dans la géodiversité et des ressources vivantes dans la biodiversité. Il ne faut quand même pas oublier qu'un humain ne consomme que du biologique et ne coopère qu'avec du biologique. Cette relation est extrêmement forte entre l'humain, cette nature et ce vivant qui nous entoure. Je répète souvent qu'un corps humain, c'est au moins dix fois plus de bactéries sur la peau et dans l'intestin que de cellules humaines. On va exploiter cette nature dans le bon sens du terme, dans un sens raisonné, dans un sens noble parce qu'on va y chercher nos ressources. Bien sûr, il faut bien qu'on mange, il faut qu'on se développe, il faut qu'on s'habille. Et c'est ce côté-là qui va faire que la consommation a des relations évidentes avec cette biodiversité. La question là-dessus est assez logique. Ce qui devient inquiétant, c'est quand on veut surconsommer et qu'on veut aller vers un système justement où on dépasse les seuils de renouvelabilité de la nature. 1. Quelles sont les menaces sur la biodiversité ? Alors dans cette question justement de sur-recherche de ce qu'on peut trouver, il y a cinq grandes menaces sur la biodiversité et la destruction de nature et des écosystèmes : on détruit, on les pollue, c'est un des grands piliers actuels des problèmes des relations humains-nature, on les surexploite, on va en parler beaucoup, on dissémine tout partout et enfin on a une influence sur ce climat, climat qui change, et qui entraîne bien sûr des désordres sur cette nature. Donc c'est comme ça qu'on va aborder les questions de surexploitation. Et les exemples les plus évidents qu'on peut trouver, c'est sur les continents, la forêt, et en mer, la surpêche. 2. Pourquoi et comment exploiter la biodiversité ? On va aller chercher des ressources dont l'humain a besoin dans cette nature. Alors bien sûr, la chose qui est la plus évidente, c'est que l'humanité s'est créée au démarrage, il y a quelques humains qui étaient là, sans agriculture, c'est-à-dire qu'on ne faisait que chasser et cueillir. Mais dès le moment où on a été un petit peu nombreux, il a fallu changer. Et effectivement, tout commence il y a à peu près douze mille ans. Quand l'humain s'arrête de bouger, les femmes commencent à faire beaucoup de bébés. Et là, on va inventer agriculture et élevage. On va produire par des pratiques humaines plus d'animaux et plus de plantes que le système non humain qui était là avant n'était capable de produire. Et c'est là que, par rapport à ces considérations de l'agriculture, on va détruire de la nature pour produire, on va aussi s'intéresser à des stocks qui eux, déjà là, n'étaient pas cultivés, comme la forêt tropicale et les pêches. Et c'est là que le problème se pose sur la surexploitation. On va sur-tirer des arbres par rapport à ce que la nature peut renouveler et on va aussi enlever plus de poissons que ce que le système naturel peut produire. 3. Quelles sont les limites ? On perçoit très bien de ces propos qu'il y a des limites. Et quels que soient les systèmes politiques qui nous intéressent, les considérations géographiques, géopolitiques, on en revient toujours à la même histoire : on va devoir limiter l'accès à la ressource. Donc au niveau des forêts, qu'est-ce qu'on peut dire ? C'est qu'effectivement, la nature nous donne des arbres, il y a des forêts tropicales, des forêts tempérées, des forêts boréales et l'humain va les exploiter pour du bois, pour de l'alimentation, pour des tas d'usages qu'on va avoir pour développer cette humanité qui, en plus, n'arrête pas de se multiplier. Un des grands débats qu'on a aujourd'hui dans les questions qui nous préoccupent, c'est effectivement le fait qu'on a la démographie qui continue à galoper. On est maintenant plus de 7,3 milliards d'humains sur la Terre. Donc on va tirer plus d'arbres que ce que le système naturel peut produire et en mer, également, on va surexploiter les stocks. Et c'est là que les limites sont claires, il nous faut trouver des systèmes pour limiter ces activités. Auquel cas, si on laisse ces systèmes gérés comme pour une entreprise privée par exemple, eh bien, ça se terminera par la destruction du bien. 4. Comment réconcilier « économie » et « écologie » ? En considérant ce qui vient d'être dit, la question est la suivante : est-ce qu'on peut continuer à développer l'humanité en harmonie avec cette exploitation des ressources qu'on évoque ? Et pour ceci, il faut qu'on soit capable effectivement de calculer ce que le vivant peut produire naturellement, également, avec les pratiques agricoles, aussi, bien sûr, qu'on a évoquées ou d'élevage. Est-ce que l'humain peut en ressortir ? En plus, c'est très différent selon le lieu géographique. Par exemple, je prends le cas de la forêt tropicale. Si je prends le seul cas du Brésil, de Haïti ou de l'Indonésie, on a enlevé des grandes quantités de forêts, il part chaque année à peu près l'équivalent du quart de la superficie de la France, beaucoup trop, bien sûr. Et aussi, si je prends l'Indonésie qui a enlevé cette forêt tropicale pour mettre à la place du palmier à huile, il a disparu entre 2009 et 2013 vingt-trois millions d'hectares de forêts. Là, bien sûr, s'arrêter, retrouver une harmonie entre cette déforestation d'un côté et puis les activités de développement humain. Sachant que, quand on enlève la forêt, les arbres savent faire pleuvoir. Sans forêts, il ne pleut plus et l'agriculture a des problèmes et oblige les gens à partir, bien sûr. C'est un peu la même chose au niveau de la mer : quand on enlève plus de poissons que ce que la mer peut renouveler, on arrive à des moments où, effectivement, plus personne ne peut se débrouiller, pas plus les baleines que les poissons de bout de chaîne qui mangent les poissons pélagiques, que les oiseaux. Et puis, ça finit par la fin des pêcheurs et puis ensuite la nourriture marine. Conclusion : Vers des modèles économiques compatibles avec l’écologie Finalement, en conclusion, c'est comment trouver une économie compatible avec ce développement et avec cette exploitation des ressources ? Toute économie qui consiste à faire du profit souvent à court terme en détruisant cette diversité et cette nature ou en la surexploitant a montré ses limites. Donc, il faut passer à un système beaucoup plus intelligent et harmonieux, mais en réfléchissant à une chose qui est très claire : il faut que les modèles économiques collent à l'écologie et pas l'inverse, parce que l'écologie et le vivant tournent depuis presque quatre milliards d'années, ils sont habitués à tourner comme ça. Donc, l'humain doit trouver beaucoup plus d'humilité, de respect, de notions de partage et d'amour de l'harmonie pour se réapproprier cette nature, accepter qu'on est bien dedans, qu'on n'est pas à côté et dont on a viscéralement besoin.