Bonjour. Je suis Brigitte THIECK, professeur associée au Cnam et je vais introduire les fondamentaux qu’il faut connaitre en matière de développement durable et de responsabilité sociétale des entreprises. Le développement durable, pour rappel, il existe une définition qui a une trentaine d’années, qui est en vigueur et qui est reconnue au niveau international. Le développement durable est défini comme un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Donc, cette définition de 1987 contient un certain nombre d’éléments clés qui vont nous permettre de décliner ce développement durable au niveau des entreprises. Quels sont ces éléments clés ? Tout d’abord, le développement durable, tel qu’il est défini, remet en cause notre qualité de vie : la manière dont nous nous déplaçons, la manière dont nous consommons, la manière dont nous trions nos déchets, la manière dont nous nous logeons, etc. Donc il y a vraiment une remise en cause de la manière dont nous pratiquons aujourd’hui. Deuxièmement, il faut comprendre que le développement durable concerne absolument tout le monde, donc nous devons être, chacun d’entre nous, acteur de notre propre changement puisque nous sommes tous concernés au niveau planétaire. Ce qu’il est important de retenir concernant ce concept de développement durable, c’est que premièrement, il remet en cause en profondeur nos pratiques. Ensuite, il nécessite d’avoir une vision collective, de construire une vision collective, commune. Ensuite il doit se baser sur des valeurs partagées communes. Et puis enfin, ce développement durable, il est très important de noter qu’il ne nous empêche pas de profiter du progrès mais au contraire nous invite à ne pas y renoncer mais à le penser et à le vivre différemment. Pour une entreprise, quelle va être la principale difficulté ? Pour une entreprise, cela va être de passer de ce macro-enjeu planétaire, tel que l’évolution démographique, le réchauffement climatique, l’empreinte écologique sur la planète, aux micro-enjeux pour l’entreprise qui vont devoir se traduire en actions quotidiennes. Alors pour une entreprise, la déclinaison des principes de développement durable au niveau de son organisation s’appelle la responsabilité sociétale des entreprises. Elle consiste à rendre harmonieuse la conciliation de trois piliers qui sont et qui doivent être aussi importants pour l’entreprise, à savoir la préservation de l’environnement : à la fois la réduction des consommations et des ressources, mais également la réduction des rejets des nuisances et des déchets. Egalement le pilier qu’on appelle social, c’est-à-dire équité entre les salariés à l’intérieur de l’entreprise, respect de la diversité, non discrimination, possibilité d’évoluer, intégration des personnes handicapées, équité de traitement, d’évolution, santé et sécurité au travail. Et puis également le pilier sociétal qui est la manière dont la société crée des relations mutuellement bénéfiques avec ses fournisseurs sur le long terme, avec ses partenaires, avec des associations caritatives, avec un certain nombre d’organismes de contrôle, d’institutionnels, et également la manière dont l’entreprise arrive à développer de manière innovante de nouveaux produits et des services pour demain. Donc cela c’est sa capacité d’innovation, c’est sa capacité d’investissement, de recherche et de développement, sa capacité de se remettre en cause. Ce qui est nouveau, c’est que ces trois piliers, ces trois grands piliers soient traités au même niveau, au niveau de l’entreprise au niveau stratégique dans l’entreprise. Peut-elle faire de la responsabilité sociétale toute seule, l’entreprise ? Non, elle est obligée d’ouvrir, de s’ouvrir culturellement vis-à-vis des acteurs externes qui vont lui demander un certain nombre de choses et qui vont exercer des pressions, qui vont représenter les attentes de la société civile. Parmi ces parties prenantes, vous avez bien sûr des parties prenantes classiques comme les fournisseurs, les clients, les partenaires, mais vous avez également depuis une trentaine d’années de nouveaux acteurs, de la société civile comme les associations de protection de l’environnement, de consommateurs, les médias, les organismes de contrôle, les organismes qui peuvent être à la source de nouvelles réglementations comme l’Union Européenne. Donc toutes ces parties prenantes qui sont autour de l’entreprise interagissent avec elle et, quand on fait une cartographie des parties prenantes, on va à peu près avoir entre trente et cinquante partie prenantes pour chaque entreprise. Donc il va falloir prioriser les parties prenantes prioritaires pour l’entreprise dans le cadre de ses activités et décisions vis-à-vis de la RSE. Nous avons vu qu’il fallait aussi construire un socle de valeurs communes. Ces valeurs qui doivent être partagées se différencient selon que l’on considère les valeurs internes vécues par les salariés dans l’entreprise, comme par exemple ici vous avez l’exemple d’un grand hôtel qui effectivement partage un certain nombre de valeurs en interne comme la solidarité, l’esprit d’équipe, etc., et des valeurs externes qui sont celles que les acteurs de l’entreprise véhiculent vis-à-vis des clients, vis-à-vis des fournisseurs, vis-à-vis des institutionnels, vis-à-vis d’un certain nombre d’autres partenaires et acteurs. Ce qu’il faut savoir et qui se confirme depuis maintenant plus d’une quinzaine d’années, c’est que la mise en place d’une démarche de RSE montre que celle-ci s’effectue en deux temps principaux. Tout d’abord, il faut que l’entreprise s’approprie ce qu’est la responsabilité sociétale des entreprises, donc il faut qu’elle connaisse et qu’elle maitrise et réduise ses impacts en matière environnementale, en matière sociale, sociétale, et en matière économique. Et pour cela, il va lui falloir remettre en cause ses pratiques, ses procédés, ses produits et services, et cela va lui prendre certain nombre d’années, surtout si l’entreprise ne s’est pas construite sur cette vision du monde, sur ce paradigme. Ensuite, dans un deuxième temps, elle va être amenée à remettre en cause effectivement son business model. Et puis, sur le long terme, on peut considérer que la deuxième grande étape, cela va être le développement de produits et de services innovants qui vont permettre à l’entreprise de pérenniser son activité et de répondre à des nouveaux besoins, à des nouveaux services qui sont apparus. Y-a-t-il des facteurs-clés de succès dans une démarche RSE ? Eh bien oui, le premier facteur de succès est la conviction et la capacité de remise en question de l’équipe dirigeante de l’entreprise. Il faut aussi que la démarche reste une démarche volontaire. Il ne faut pas qu’elle soit imposée, ni par la réglementation, ni par les clients. Il faut également avoir une capacité au niveau de la gouvernance de l’entreprise à anticiper le long terme et les évolutions des risques en matières sociale, sociétale, environnementale et économique. Il faut également prendre conscience qu’on ne peut pas mener des actions ponctuelles en matière sociale, en matière environnementale, qui n’aient pas de sens pour l’ensemble de l’organisation. Il faut donc porter ce projet comme un projet d’entreprise qui va être transverse au niveau de tous les métiers et toutes les fonctions de l’entreprise, et qui va concerner absolument toutes les personnes et les fonctions et les activités de l’entreprise. Il faut également construire une vision collective, mobiliser les acteurs. Et enfin, il est apparu qu’il est devenu maintenant urgent d’agir. Si on revient aux fondamentaux, il existe depuis 2010 une norme internationale qui s’appelle l’ISO 26000. Elle a été élaborée sur la demande d’associations de consommateurs qui trouvaient qu’il y avait de pratiques qui devaient disparaître dans certaines multinationales et qu’il fallait absolument se mettre d’accord au niveau international sur des lignes directrices à respecter en matière de responsabilité sociétale pour l’entreprise, concernant ses impacts environnementaux, sociaux, sociétaux respect des droits de l’homme, lutte contre la corruption, une capacité à créer de la valeur matérielle et immatérielle sur le long terme. Cette norme ISO 26000 positionne l’entreprise vis-à-vis de ses impacts dans les domaines de la RSE. Elle lui demande d’avoir un comportement éthique et transparent. Elle lui demande effectivement d’intégrer et de dialoguer avec les parties prenantes. Elle lui demande également évidemment, cela parait une évidence mais ce n’est pas encore rappelé dans la norme ISO 26000, de respecter la loi et la réglementation en vigueur. Et enfin, comme nous l’avons déjà évoqué, d’être intégrée dans l’ensemble de l’organisation. Une entreprise qui respecterait ces lignes directrices cheminerait tranquillement mais sûrement vers le développement durable. Je vous remercie de votre attention, au revoir.