Bonjour. Cette séquence va être consacrée aux enjeux de la Smart City, la ville intelligente, en tant que solution au développement durable. Smart Cities et développement durable. La Smart City est un lieu d’intégration, on va le voir, de beaucoup de solutions en faveur du développement durable. Ici, vous avez une vue de Barcelone qui est considérée comme une ville intelligente, modèle. La ville intelligente est un lieu d’intégration de toutes les éco-innovations sous toutes leurs formes et on peut regarder que tous les exercices de prospective au niveau international insistent sur le fait que la plupart des grandes éco-innovations seront dépendantes des avancées dans les technologies de l’information et de la communication, c’est-à-dire dans les systèmes intelligents. Donc la future ville intelligente, elle est dotée d’infrastructures, d’eau, d’électricité, de gaz, de transports publics, de services publics qui communiquent entre eux, qui sont intelligents, et tout cela participe à l’amélioration du confort des citoyens, mais doit participer aussi à l’efficacité en matière environnementale, en matière énergétique. Donc il s’agit là de l’enjeu majeur de notre siècle comme solution au changement climatique entre autres, mais pas seulement. La Smart City, elle possède son propre métabolisme qui provient de l’interaction et de la communication entre multitude de systèmes qui la constituent, de l’information, de l’énergie, de la mobilité, des déchets et du cycle de l’eau. Et on peut véritablement dire que ces secteurs qui sont les plus concernés. Ce sont les secteurs aussi qui sont les plus polluants, les plus émetteurs de CO2, les transports, l’énergie, l’habitat, vont devenir intelligents, sont en train de devenir intelligents. Il n’y pas que la voiture qui est intelligente, il y a tout le système de transport, également les routes. Le système de distribution énergétique et le système d’efficacité énergétique, les bâtiments deviennent intelligents, et nous pourrions aussi parler de la logistique intelligente, qui participe aussi à la diminution des émissions de CO2. Ces enjeux sont considérables en termes de compétitivité et, par exemple, la Silicon Valley s’est massivement reconvertie depuis plus de 10 ans dans les cleantech, c’est-à-dire dans les technologies intelligentes et en particulier toutes ces technologies intelligentes autour de la ville intelligente. Certains parlent de troisième révolution industrielle, c’est notamment le cas de Jeremy RIFKIN, un grand prospectiviste américain, et cette troisième révolution industrielle qualifie le croisement entre le développement durable et les systèmes intelligents appliqués aux villes. Il n’y a pas eu en 2015 une semaine sans qu’en France, une grande ville, consacre un salon ou consacre un colloque à cette notion de ville intelligente. Et en fait depuis 2005, une pléthore de rapports ont fleuri, des rapports qui rapprochent systèmes intelligents et développement durable dans leur application sur la Smart City. Ici vous avez par exemple ce rapport au niveau européen, Smart 2020, qui est très intéressant. Vous avez aussi ce rapport qui est appliqué, qui concerne les solutions intelligentes pour la ville intelligente en Chine et une autre là également au niveau de la Chine puisque la Chine évidemment est particulièrement concernée par ces Smart Cities dans la mesure où c’est une des régions du monde où il y a le plus de constructions ex nihilo de villes. Les Smart Cities dans le monde, on peut voir que les Smart Cities qui sont traditionnellement retenues comme étant les plus en pointe, concernent justement ces parties du monde où les villes sont en construction. Evidemment, dans les villes anciennes, il est plus difficile de les rendre intelligentes ex nihilo. Donc vous avez la ville de Masdar, Abu Dhabi qui est considérée souvent comme un modèle avec des énergies renouvelables distribuées intelligemment, avec une gestion intelligente des déchets, les transports, etc. Vous avez également en Chine le district de Mexique, qui est tout à fait considéré comme un modèle, et puis en Amérique latine également. Donc l’Inde et l’Amérique latine, cela ne vous étonnera pas puisque ce sont les pays émergents. Vous avez aussi un exemple en Russie. Alors cela étant, il faut bien vous dire que depuis, il y a beaucoup d’autres villes qui sont en train de devenir intelligentes, mais ce sont parfois des quartiers puisque dans les villes les plus anciennes, par exemple Lyon, par exemple Toulouse, par exemple Bordeaux, sont très investies dans cette matière, et puis bien sûr Paris également, nous aurons l’occasion d’y revenir. Les enjeux écologiques de la Smart City sont considérables lorsque l’on considère que la moitié de la population mondiale vit actuellement dans des villes et ces villes occupent seulement 2 % de la surface de la Terre. On sait que d’ici à 2050, c’est 75 % de la population mondiale qui habitera dans les villes et ces villes sont confrontées à des problèmes, bien sûr énergétiques mais aussi d’espace, d’eau, de déchets, de mobilité, de sécurité, de financements et d’éducation par exemple. Bref, il est important donc de les rendre intelligentes et durables. Entre 1990 et 2010, les émissions de CO2 ont augmenté de 45 %, au niveau global et cela principalement à cause de la croissance urbaine puisque les villes génèrent plus des ¾ des émissions de CO2, d’où l’intérêt pour trouver des solutions à la lutte contre le changement climatique, d’où l’intérêt de travailler sur des systèmes intelligents appliqués à ces villes qui seront susceptibles de réduire de près de 15 % les émissions de gaz à effet de serre. Et plus largement de réduire l’empreinte écologique globale puisque ce sont les villes qui sont responsables de la plus grande empreinte écologique globale. Mobiliser les systèmes intelligents, les technologies de l’information et de la communication pour réduire le CO2, on voit là, à travers ces exemples, qu’il y a des marges de manœuvre extrêmement importantes à travers ces schémas qui nous montrent que finalement on peut vraiment diminuer dans de façon très conséquente la consommation des émissions de CO2 par rapport à une production qui continuerait à augmenter. Les enjeux économiques de la Smart City sont eux aussi loin d’être négligeables. Rappelons que si les villes occupent 2 % de la surface de la terre, elles contribuent à 60 % de la croissance du PNB mondial. Or les éco-innovations qui sont appliquées à la Smart City touchent tous les secteurs et tous les métiers, de la mobilité à l’approvisionnement en énergie et en eau, tout ce qui concerne la construction, la gestion des bâtiments, tout ce qui concerne la gestion des services, la gestion des déchets et des services urbains, la logistique, les transports individuels, collectifs, brefs tous les secteurs sont concernés par cette Smart City. Ce marché des Smart Cities favorise déjà aujourd’hui une très forte demande en termes de ressources humaines. Par exemple, si on regarde ce qui s’est passé aux États-Unis, plus de 800 000 emplois ont pu être maintenus aux États-Unis grâce au développement des Smart Grids, c’est-à-dire des systèmes énergétiques intelligents, notamment dans les villes. Si on regarde également les prévisions au niveau international, l’Organisation Internationale du Travail parle de 60 000 000 d’emplois au niveau international d’ici à 2030-2040, qui devraient être créés. L’Union Européenne parle de 20 000 000 d’emplois au niveau européen créés autour des Smart Cities d’ici à 2030. Bien sûr, cela aura un impact colossal sur les emplois actuels aussi, mais il faut tenir compte des risques de la transition, c’est-à-dire qu’évidemment des millions d’emplois peuvent être créés, mais des millions d’emplois actuels peuvent aussi être détruits s’il n’y pas d’anticipation et d’adaptation des compétences. Et c’est la raison pour laquelle, au niveau du programme des Nations Unies, l’an dernier, il a été indiqué qu’il faut un engagement des politiques publiques pour soutenir ces changements. Si bien qu’au niveau français par exemple, plusieurs rapports importants ont été élaborés en 2014, au niveau du CEREQ, la prise en compte des mutations qui sont induites par la transition écologique, dans les formations professionnelles, une évolution compétence-emploi-climat au niveau de la région Ile-de-France pour essayer justement d’anticiper ces nouvelles compétences indispensables. Les enjeux sociétaux de la Smart City aussi ne doivent pas être oubliés. En fait, la Smart City, ce n’est pas simplement une juxtaposition, un ensemble de technologies intelligentes. La Smart City, cela doit soutenir une conception vivante de la ville qui place l’humain et la vie au cœur des préoccupations. Donc l’humain doit être au cœur des préoccupations. Il ne faut pas limiter la Smart City à une standardisation, une automatisation des processus et, malheureusement, cela peut être souvent la tentation dans un certain nombre de pays qui sont considérés comme en avance par rapport à cette Smart City, et je dirais la chance en Europe, peut-être aussi pour la France, c’est de s’emparer de cette dimension sociale de la Smart City, cette dimension sociale du développement durable pour permettre une Smart City qui soit beaucoup plus au cœur des besoins des citoyens. Encore une fois, nous avons de la chance puisque la Smart City qui repose sur les technologies de l’information et de la communication, ces technologies permettent aussi une meilleure participation des citoyens. Et c’est bien ce qui a été utilisé au niveau de Paris puisque Paris est engagé depuis l’an dernier dans une démarche très importante sur Paris intelligent et durable, et cet engagement, fait intervenir de façon considérable la participation des citoyens dans la construction de la ville intelligente. Donc vous voyez, la Smart City fait partie des enjeux du XXIème siècle en matière de solution vers le développement durable. Merci.