Bonjour. Cette séquence va concerner le changement climatique, mais toujours du point de vue économique. Et là, nous allons voir comment finalement lutter contre le changement climatique peut offrir des opportunités en termes socio-économiques. Les opportunités de la lutte contre le changement climatique. Alors nous allons maintenant nous préoccuper des politiques d’atténuation. Les politiques d’atténuation, ce sont les politiques de lutte contre le changement climatique, finalement toutes les mesures qui permettent de réduire les émissions de CO2. Pour essayer de visualiser quels seraient les coûts de cette lutte contre le changement climatique, revenons au rapport STERN de 2006, rapport réalisé par cet économiste qui était l’économiste en chef de la Banque Mondiale, et STERN avait conclu que ne rien faire, l’inaction pouvait conduire à des pertes jusqu’à environ 20% du PIB mondial. Il calcule aussi que lutter contre le changement climatique, évidemment ça a un coût, et que ce coût serait de l’ordre de 1 % du PIB mondial. On voit que finalement, les ordres de grandeur sont assez intéressants puisqu’il est évident que les coûts de l’inaction sont plus élevés que les coûts de l’action. Alors évidemment, il y a des incertitudes scientifiques autour de ce calcul, et les modèles économiques reposent sur un certain nombre d’hypothèses, celui-ci également sur les taux d’actualisation, sur les émissions de référence, sur les technologies disponibles, sur le progrès technique, sur les politiques également mises en œuvre, mais peu importe, on voit quand même que les ordres de grandeur sont quand même relativement intéressants. Alors, pour rendre rentable ces politiques d’atténuation, pour les rendre plus rentables, il faudrait que les gaz à effet de serre, le CO2 en l’occurrence, soit doté d’un prix. Alors, cette question fait l’objet de beaucoup de négociations et, pour la COP21, on pensait que cette affaire du prix du CO2 allait être discutée mais il y a un certain nombre de pays qui ne veulent pas en entendre parler, ce n’est pas recevable, et par conséquent, on peut penser que lors des prochains COP, cette question va revenir. En effet, tant que le CO2 n’a pas de prix, cela signifie qu’on sous-évalue finalement les impacts sociétaux de toutes les énergies, fossiles en l’occurrence, et de tous les systèmes productifs qui sont émetteurs de CO2. Donc, voilà un enjeu important, le prix du CO2. Néanmoins, même sans prix, on voit que les modèles économiques concluent qu’il est plus rentable d’agir. Alors quels sont les bénéfices en effet d’une politique d’atténuation ou des politiques d’atténuation ? Celles-ci sont à l’origine d’un certain nombre d’innovations qui vont être tout à fait intéressantes, notamment les éco-innovations dont on a parlé dans d’autres séquences et toutes ces éco-innovations, bien sûr, sont sources, nous l’avons vu, de compétitivité et sont favorables à l’économie. Les politiques d’atténuation aussi sont susceptibles de proposer des réformes fiscales. Par exemple, des pays comme les Pays-Bas ont changé leur fiscalité il y a un certain nombre d’années pour avoir une fiscalité qui repose davantage sur l’environnement, sur les impacts sur l’environnement plutôt qu’une fiscalité reposant sur l’emploi. Cette innovation en matière fiscale a eu beaucoup d’intérêt au niveau des Pays-Bas. D’autres pays l’ont mise en place, sont en train d’en parler. En France, cela s’est pratiquement fait au moment de la préparation de la loi de la transition énergétique mais au dernier moment, la réforme fiscale écologique n’a pas eu lieu. Pourtant, on voit qu’au moment où notre système fiscal est à bout de souffle, où finalement il pénalise l’emploi, il serait tout à fait intéressant de changer le système fiscal pour avoir un système fiscal qui pénalise là où il y a de la pollution et en particulier des émissions de CO2. Une politique également d’atténuation est favorable à l’emploi puisque, justement, elle permet de développer de nouvelles activités. Alors nous avons parlé des éco-innovations, mais nous parlons aussi de l’économie circulaire ou bien de solutions autour de la Smart City, des villes intelligentes qui sont convoyeuses de créations d’emploi importantes. Une politique ou des politiques d’atténuation, cela améliore la sécurité énergétique et puis bien sûr du point de vue de la santé, à partir du moment où on a des politiques actives de lutte contre le changement climatique, nous aurons aussi des bénéfices directs sur la santé puisque l’on sait très bien que les impacts sur la santé en termes d’accroissement de la mortalité, mais aussi de la morbidité, le changement climatique, était extrêmement néfaste. Cela signifie qu’il est important de décarboniser l’économie. Décarboniser l’économie, cela veut dire en fait investir dans tout ce qui relève des éco-innovations. Donc il est nécessaire d’accélérer les flux financiers vers des investissements qui soient sobres en carbone et en même temps de réduire les investissements dans des activités qui sont intenses en carbone. Et vous savez bien qu’après la COP21, et pendant la COP21, il y a eu des discussions importantes puisque les pétroliers et les gaziers prétendaient que ces mesures de lutte contre le changement climatique allaient être néfastes pour leurs activités et on a vu à un moment donné en effet baisser sur la bourse les cours de ces entreprises pétrolières par exemple. Donc, cela signifie que, bien entendu, il faut que les flux financiers puissent davantage aller vers des investissements qui soient sobres en carbone et délaissent des activités plus anciennes et plus carbonisées. Cette décarbonisation de l’énergie, elle impacte aussi la transformation de l’épargne et il y a un rapport du FMI qui date de 2014, qui montre qu’il serait nécessaire de relancer les investissements dans des infrastructures et en particulier dans des infrastructures qui soient sobres en carbone. Cela signifie que cette transition qui est poussée par la politique de lutte contre le changement climatique et ses politiques nouvelles, elle devient un point d’appui pour une nouvelle croissance verte et durable, et que cela est bien compris par un grand nombre d’entreprises. Les acteurs dans la transition énergétique, ce sont quand même les entreprises. Elles l’ont compris, on a de plus en plus d’entreprises qui comprennent qu’elles peuvent tirer des profits de cette transition énergétique, et on a des entreprises qui ont été très investies dans la préparation de la COP21 à tel point qu’en mai 2015, il y a eu Business & Climate Summit. Donc les entreprises ont fait ensemble, ont organisé leur préaccord de Paris, leur pré-COP21 pour essayer, elles aussi, d’être apporteuses de solutions. Cela est évident lorsqu’on regarde les jeux d’acteurs puisqu’il y a deux grands positionnements dans le monde de l’entreprise aujourd’hui, il y a ceux qui sont dans le déni total avec un lobbying très fort, négatif, c’est le Global Climate Coalition que je vous conseille d’aller consulter sur internet, qui regroupe les entreprises qui sont extrêmement réticentes à toute mesure contre le changement climatique et qui remettent même en cause les travaux des scientifiques, et puis il y a ceux et celles qui développent une stratégie proactive autour du World Business Council of Sustainable Development qui sont, elles, très proactives pour trouver des solutions de lutte contre le changement climatique et plus généralement des solutions en faveur du développement durable. Donc, nous avons une décarbonisation qui est en marche. Il y a de plus en plus d’entreprises qui sont conscientes de l’intérêt de la décarbonisation de l’économie et donc d’une action et d’actions proactives de leur part puisque ces actions sont sources d’innovations, sont sources de compétitivité, mais elles sont demandeuses en même temps, ces entreprises, d’un effort de coordination internationale, notamment du côté des Etats. Et cette coordination internationale, elle passe notamment sur un accord pour donner un prix au carbone. Tant que le carbone n’aura pas un prix au niveau international, il y aura toujours des tentations et des entreprises qui se délocaliseront, et des pays qui opèreront un dumping environnemental pour attirer des entreprises qui sont polluantes. Cela ne pourra pas être favorable à la lutte contre le changement climatique et finalement retardera les innovations, les éco-innovations généralisées et finalement diminuera en même temps les possibilités d’aller vers une croissance verte et un développement durable. Donc l’enjeu aujourd’hui en matière de lutte contre le changement climatique, l’enjeu après la COP21, j’ai envie de dire, à partir de la COP22, l’enjeu c’est de donner un prix au carbone pour qu’enfin nous ayons de véritables politiques de lutte contre le changement climatique qui se mettent en œuvre à grande échelle et que l’on puisse arriver vers un développement durable plus rapidement. Merci.