Bonjour. Au cours de cette séquence, nous allons parler du changement climatique, de ses impacts, mais de ses impacts vus sous l’angle socio-économique. Les enjeux socio-économiques du changement climatique. Avant d’entrer dans les détails des impacts, déjà, voyons de quoi on parle lorsqu’il est question de la COP puisque nous avons beaucoup parlé de la COP21 au cours de l’année 2015. La conférence mondiale sur l’environnement et le développement qui s’est tenue en 1992 à Rio a débouché sur plusieurs conventions-cadres concernant l’environnement et en particulier sur la convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique qui a été soumise à l’ensemble des pays de la planète. Cette convention-cadre, elle rassemble la totalité des pays signataires, c’est la COP, la convention des parties, et elle regroupe en fait toutes les activités de coordination de la politique globale en matière de changement climatique. La COP se réunit chaque année dans un pays différent et cela depuis 1995. Et par conséquent, en 2015, la COP était la COP21, et cette COP21 s’est tenue à Paris et cela avait été décidé, il y a fort longtemps. La COP21, comme d’ailleurs toutes les COP, s’appuie sur l’expertise scientifique d’un groupe important, qui est le Groupe Intergovernmental d’Experts sur l’Evaluation du Climat, donc GIEC, et en anglais c’est IPCC, International Panel of Climate Change, et ce groupe est constitué de plusieurs centaines de scientifiques, pour le dernier rapport de GIEC. C’était 800 scientifiques qui ont été mobilisés, du monde entier, et de différentes disciplines aussi bien des gens spécialisés sur le climat que des gens spécialisés sur les grands cycles biogéochimiques, des économistes, des sociologues, etc. Il y a des rapports réguliers qui sont proposés et le dernier en date, date de 2014, c’est le cinquième rapport qui a été à la base de l’accord de Paris, un accord qui a eu lieu en décembre 2015. Lors de la COP 21, un accord important a été pris. En effet, cet accord était inespéré. Cela faisait un certain nombre d’années qu’on essayait d’arriver à un nouvel accord. Le dernier en date avait été pris à Kyoto en 1997 et l’objectif était d’arriver à un nouvel accord pour pouvoir prendre la suite de l’accord de Kyoto qui court jusqu’en 2020. Donc en fait, les décisions qui ont été prises à Paris, lors de la COP 21, concernent des mesures à partir de 2020. Ces mesures sont importantes puisqu’enfin, il y a eu quand même un accord international de tous les pays pour dire que l’objectif était de limiter le réchauffement planétaire à +1,5° par rapport à l’ère industrielle, ce qui n’est pas rien, mais c’est beaucoup mieux que ce que l’on pouvait espérer car si rien n’est fait, le scénario justement des scientifiques, du GIEC, nous dit que c’est plutôt de l’ordre de 4° que l’augmentation devrait être d’ici 2100 en cas d’absolument aucune mesure. Donc là, les pays se sont entendus pour arriver à cet accord. L’accord de Paris, contrairement à l’accord de Kyoto qui date de 1997 – excusez-moi - mais pas de 1987, repose sur une approche qu’on appelle bottonom-up, c'est-à-dire qu’on laisse à chaque pays la responsabilité de définir ses propres objectifs et également ses propres instruments pour parvenir à l’objectif global de +1,5. Alors évidemment, cette situation, elle présente des risques parce qu’on peut très bien dire que finalement, les pays vont faire un petit peu ce qu’ils veulent et qu’il va falloir vérifier régulièrement si c’est bien le cas. Néanmoins, il faut bien se dire que la décision antérieure qui datait de 1997 n’avait pas entraîné l’adhésion notamment ni des Etats-Unis qui en étaient sortis, ni des pays comme la Chine qui, à eux deux, sont les plus gros contributeurs aujourd’hui en matière d’émissions d’effet de serre, et ceux-là n’avait pas obtenu l’adhésion parce que chaque pays préfère avoir ses propres objectifs et ses propres instruments pour y parvenir. Par exemple, à Kyoto, on avait proposé qu’il y ait un marché global d’échange de CO2. Ce marché n’a pas fonctionné et, finalement, imposer également des quotas pour chaque pays ne fonctionne pas. Donc on laisse beaucoup plus de responsabilités, on est dans le principe de responsabilité, à chaque pays pour parvenir à remplir les objectifs globaux. L’intérêt est de finalement laisser la possibilité à beaucoup d’expérimentations différentes, différents modes également de coopération, mais aussi, cela favorise l’implication de nouveaux acteurs dans la résolution du changement climatique, en particulier, des acteurs comme les entreprises qui jouent un rôle de plus en plus important, les territoires. Cette fois, lors de la préparation à la COP21, les grandes villes et les territoires, les collectivités territoriales sont apparus comme des agents absolument indispensables, comme ayant des propositions à faire pour trouver des solutions, les citoyens, les ONG. En d’autres termes, cette nouvelle vision laisse la possibilité à d’autres acteurs que les seuls gouvernements de trouver des solutions et c’est certainement, peut-être, un moyen d’arriver à l’objectif. Alors, si on raisonne maintenant en termes de coûts, on se rend compte que ne rien faire coûterait au niveau économique extrêmement cher parce que souvent on entend ici et là : «Oh mais ça coûte cher de lutter contre le changement climatique » mais ne rien faire coûte beaucoup plus cher. Le coût de l’inaction a été donc évalué et nous allons voir ce que cela représente. Lorsqu’on parle des coûts du changement climatique il y a les coûts directs qui sont liés aux impacts directs physiques des catastrophes, donc destructions causées aux bâtiments, aux infrastructures lorsqu’il y a des tempêtes, des événements exceptionnels qui vont ne faire que s’accentuer, donc des coûts directs, et puis il y a des coûts indirects : les pertes de vies, en vies humaines, les maladies, la destruction graduelle du patrimoine naturel, culturel également les impacts sur l’agriculture, etc. Donc les économistes se servent d’analyses coût/bénéfice pour savoir finalement s’il vaut mieux agir ou ne pas agir si le coût de l’action est plus ou moins cher que le coût de l’inaction. Un rapport très intéressant qui est lourd, puisqu’il fait 700 pages, a été réalisé par un économiste qui s’appelle STERN, Nicholas STERN, qui était l’économiste en chef de la Banque Mondiale. Il s’est attelé à une évaluation globale de l’ensemble des impacts du changement climatique et il a montré dans cette étude qui est devenue une référence aujourd’hui, que finalement, le changement climatique, pourrait coûter à l’économie mondiale jusqu’à 5500 milliards d’euros, c'est-à-dire pouvait représenter finalement entre 5 et 20 % du PIB mondial. Donc tous les pays seraient affectés, en particulier les plus pauvres, l’Afrique de l’Ouest, l’Asie. Il y a bien sûr des incertitudes mais les ordres de grandeur sont considérables. Donc ne rien faire coûterait extrêmement cher. Par ailleurs, il y a aussi la nécessité de mener des adaptations, des politiques d’adaptation. On fait la distinction, dans le jargon du changement climatique, entre les mesures d’adaptation qui sont destinées à aider les populations à surmonter les conséquences, et puis les politiques d’atténuation qui s’attaquent aux causes. Parlons aujourd’hui des mesures d’adaptation. Les sociétés s’adaptent, donc on modifie les pratiques agricoles, on élève des digues depuis bien longtemps, on voit des maisons sur pilotis, on récupère de l’eau de pluie, on modifie les normes de construction, les façons de produire. Bref, on s’adapte. Cela étant, les états les plus vulnérables sont aussi les plus pauvres et donc ce sont ces pays qui constituent régulièrement la pierre de l’achoppement pendant les COP et notamment pendant la COP 21, puisque les pays les plus pauvres demandent au moins de pouvoir s’adapter et demandent des fonds aux pays les plus riches pour les aider à s’adapter. Il y a en effet une distribution très inégale des causes et des coûts. Les émissions de gaz à effet de serre sont largement dues aux activités aujourd’hui des pays industrialisés, en particulier, les Etats-Unis, l’Europe également. C’est surtout dû aux pays industrialisés, mais plus récemment les pays émergents comme la Chine contribuent à un rythme croissant en fait à ces émissions de CO2 et à l’effet de serre. Les pays en voie de développement, les plus pauvres, donc l’Afrique de l’Ouest, contribuent très peu au changement climatique puisqu’ils émettent peu de CO2, ils sont très peu industrialisés, mais aussi ce sont les plus vulnérables aux conséquences qui verront finalement les coûts des impacts les plus élevés. Si on regarde les émissions de CO2 par pays dans le monde, vous pouvez constater que l’Afrique émet très peu d’émission de CO2. Mais en revanche, si on regarde cette répartition géographique des impacts, on se rend compte que l’Afrique de l’Ouest, en particulier, sera la zone la plus touchée dans cette répartition des impacts du changement climatique. On voit donc que cette affaire du changement climatique a des impacts importants et des impacts qui auront des coûts. Des coûts à la fois pour essayer de s’adapter, mais également si rien n’est fait, les coûts de l’inaction seront très élevés et les sociétés auront sur l’ensemble de la planète, d’énormes difficultés à surmonter cet enjeu. Merci.