Bonjour. Nous allons consacrer cette séquence encore une fois à l’économie circulaire, mais plus particulièrement sur finalement l’économie circulaire en Europe de façon concrète et les enjeux qu’elle constitue au niveau européen. Politique en Europe pour l’économie circulaire. Les grandes lignes de l’économie circulaire ne sont pas vraiment nouvelles. Il y a toujours eu des acteurs qui, finalement, ont pratiqué l’économie circulaire. On réutilise, on réemploie depuis fort longtemps. On parlait des « biffins » du temps qui n’est pas si loin de nos grands-parents. Les biffins étaient déjà ceux qui récupéraient les objets qui étaient inutilisés. On a eu Emmaüs qui s’est créé sur ce schéma également. Ce qui est nouveau, c’est qu’en réalité, depuis on va dire une dizaine d’années, de grands acteurs publics et privés s’intéressent à l’économie circulaire et investissent dans l’économie circulaire de façon beaucoup plus industrielle que ne pouvaient le faire les biffins ou Emmaüs. En France, l’économie circulaire a son propre institut : l’Institut de l’Environnement du Développement Durable et de l’Economie Circulaire, l’EDDEC que je vous conseille d’aller consulter sur internet. Vous verrez la vision qui est véhiculée, les projets qui sont développés autour de cet institut. On parle de maintenance et de réparation, de consommation collaborative, d’économie de fonctionnalité, de réemploi et de redistribution, de recyclage. On parle finalement beaucoup de ce que l’on qualifie, de ce que l’on a qualifié d’éco-innovation. Quant aux acteurs, il y a bien entendu des acteurs du territoire, très importants, les collectivités territoriales qui jouent un rôle majeur dans ce domaine, des filières qui s’organisent et tout une série également d’outils pour pouvoir mettre en œuvre cette nouvelle forme d’économie. Nous avons des analyses sur les matières, on en a parlé, les ACV, l’éco-conception, la logistique inversée. Bref, des outils pour pouvoir la mettre en œuvre de façon efficace et à grande échelle. L’économie circulaire et les PME également sont concernées. Il y a là un rapport européen qui est vraiment consacré à l’économie circulaire pour les PME Barrières et opportunités pour les PME, qui est récent puisqu’il date de septembre 2015. Les PME également deviennent de plus en plus des cibles pour pouvoir appliquer cette économie circulaire. Regardons également la proposition qui est faite au niveau européen et qui date du 2 juillet 2014, au niveau d’une directive européenne. Je lis cette directive : « La réalisation des nouveaux objectifs en matière de déchets permettrait de créer 580 000 nouveaux emplois par rapport aux chiffres actuels tout en renforçant la compétitivité de l’Europe et en réduisant la demande de ressources rares et onéreuses ». Donc on voit bien là l’application de la win-win strategy doublement gagnante, pour l’environnement et pour la compétitivité. Cela entraînerait une diminution des incidents sur l’environnement et une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Donc cette directive en préparation appelle les Européens à recycler 70% des déchets municipaux et 80% des déchets d’emballages d’ici à 2030. Donc vous comprenez qu’à partir de là, il y a une certaine agitation car des enjeux importants sont concernés. L’argumentaire du Commissaire Européen chargé de l’Environnement de juillet 2014 est aussi important à prendre en considération. Il dit : « Si nous voulons, l’Europe, être compétitif, nous devons tirer le meilleur parti de nos ressources, et cela implique de les recycler pour pouvoir les réutiliser à des fins productives et non de les mettre en décharge comme des déchets. Le passage à une économie circulaire - donc le terme est bien utilisé - n’est pas seulement possible, il sera aussi bénéfique mais la transition ne se fera pas pour autant en l’absence de mesures appropriées ». Donc des mesures sont en préparation. Les bénéfices de l’économie circulaire sont à la fois écologiques et économiques et regardons d’un petit peu plus près de quoi il s’agit. L’économie circulaire pourrait apporter une réduction de 15 % des émissions de gaz à effet de serre et notamment du CO2 d’ici à 2030. On voit par rapport aux engagements de la COP21, les engagements européens, combien cette économie circulaire, de ce point de vue, peut s’avérer très utile. L’économie circulaire, c’est une réduction de 20% des matières premières et c’est aussi une sécurisation de l’approvisionnement parce que, bien sûr, on devient beaucoup moins dépendant des importations énergétiques et de matières premières. C’est une meilleure rentabilité pour les entreprises qui vont faire des gains de production et puis, c’est également une création d’emplois, une création au niveau européen estimée d’ici à 2030 entre 1 000 000 et 3 000 0000 d’emplois et des emplois locaux non délocalisables. On voit là le double dividende, la stratégie doublement gagnante à mettre en œuvre une économie circulaire du point de vue économique, du point de vue écologique et on pourrait dire triplement gagnante parce qu’également sociale avec ses créations d’emplois. Le paquet européen, comme on l’appelle, de décembre 2015 propose d’aller plus loin puisqu’il y a eu une consultation publique. La Commission Européenne fonctionne beaucoup avec la consultation publique et, à partir de là, l’idée est d’aller beaucoup plus loin en matière d’économie circulaire puisque depuis la production et la consommation jusqu’à la gestion des déchets et de marché des matières premières secondaires, il faut concerner l’ensemble du cycle de vie, de la production et de la consommation. Les points forts de ce nouveau paquet européen, c’est que 65% des déchets municipaux soient recyclés. Donc on va encore plus loin que la première directive, 75% des déchets d’emballages d’ici à 2030, et puis un objectif contraignant qui vise à réduire la mise en décharge au plus de 10% de l’ensemble des déchets d’ici à 2030 et une interdiction de mise en décharge de déchets collectés séparément. Donc on voit vraiment des mesures également concrètes et des mesures qui viennent d’une façon de plus en plus stricte puisqu’en un an, on voit combien finalement la Commission Européenne a été beaucoup plus stricte en matière d’économie circulaire. C’est un sujet d’une brûlante actualité, donc il y a énormément d’événements autour de cette économie circulaire. Vous voyez par exemple en 2016, il y a toute une série d’activités qui sont programmées, et je voudrais aussi indiquer que cela ne concerne pas que la Commission Européenne mais également le Grand Paris. Le Grand Paris mais je pourrais donner d’autres exemples au niveau territorial qui développent cette économie circulaire. Au niveau du Grand Paris, il y a le *Livre Blanc de L’Economie Circulaire* qui est paru le 14 septembre 2015. Evidemment, cette affaire est passée un petit peu inaperçue parce qu’on était en pleine préparation de la COP21, et pourtant cela concerne directement les solutions par rapport à la COP21. Le Livre Blanc de L’Economie Circulaire du Grand Paris, cela a été mené après des états généraux, qui a consulté énormément de parties prenantes, beaucoup de collectivités franciliennes à l’initiative de la ville de Paris et soutenue par l’ADEME. Il y a eu aussi beaucoup de secteurs économiques qui ont été consultés pour apporter des propositions. Cet événement du Grand Paris a été lancé le 11 mars 2015. Il y a eu 7 groupes de travail, des groupes de travail qui ont permis de rassembler beaucoup d’acteurs et qui ont permis donc de faire des propositions. C’est le cas par exemple de l’Union Nationale des Industries des Carrières et Matériaux de Construction. J’ai pris cet exemple qui est assez révélateur et qui est aussi important parce que la plupart des camions que vous voyez circuler sur les routes autour du Grand Paris concernent beaucoup ces affaires de carrière et de matériaux qu’il faut acheminer pour pouvoir construire dans le Grand Paris. Donc l’UNICEM a fait des propositions pour justement améliorer l’économie circulaire et ils ont participé au groupe de travail, Aménagement de l’éco-conception aux chantiers verts, c’est quand même assez parlant, et l’UNICEM a fait valoir ses recommandations en matière de recyclage sur les chantiers. Et à travers cet exemple, vous voyez que les secteurs, même a priori les plus émetteurs de déchets et les plus consommateurs de ressources naturelles, sont très impliqués désormais sur l’économie circulaire. L’économie circulaire, cela fait partie des grands défis contemporains qui peuvent à la fois répondre à des impératifs écologiques mais aussi économiques et sociaux, et donc fait partie des grands défis contemporains du développement durable. Merci.