Bonjour. Cette séquence sera consacrée à une approche de l’économie circulaire afin d’appréhender un peu plus en détail de quoi il s’agit. Les défis de l’économie circulaire. L’économie circulaire, qui connaît un véritable succès depuis quelques années, renvoie à une transformation structurelle de l’économie, à la fois des modes de production et des modes de consommation, et elle abandonne complètement cette économie circulaire, le modèle linéaire traditionnel que l’on connaissait, le modèle qui consistait à extraire de la nature pour produire des biens, pour ensuite les consommer et puis pour ensuite jeter les déchets de cette consommation de masse qui retourne dans la nature. Cette vision linéaire, elle est complètement remise en cause dans l’économie circulaire puisque évidemment, tout le monde le sait, désormais, cette vision traditionnelle consomme trop de ressources naturelles et rejette trop de déchets dans l’environnement, avec des effets nuisibles dans le court terme et encore plus sur le long terme. Donc à partir de ce constat, l’économie circulaire va proposer une rupture dans ce mode de production et de consommation linéaire et va proposer une vision circulaire. De quoi s’agit-il ? Alors tout d’abord, l’économie circulaire ne vient pas de rien, elle repose sur un certain nombre de principes scientifiques. Tout d’abord, des principes scientifiques qui proviennent de la thermodynamique, finalement des sciences on va dire de la thermodynamique. Le premier principe de la thermodynamique, qu’est-ce qu’il nous dit ? Il nous dit que lors de toute transformation, il y a conservation de l’énergie, première chose. Deuxième élément, le deuxième principe de la thermodynamique nous dit que, évidemment, s’il y a conservation d’énergie, cette énergie, au fur et à mesure qu’elle est utilisée, se dégrade et elle n’est plus utilisable. Et en fait, cette énergie dégradée inutilisable, c’est l’entropie, et donc il y a une augmentation d’entropie qui entraîne finalement une augmentation de chaos sur l’environnement. Un ouvrage extrêmement intéressant est celui de Jeremy RIFKIN, The Entropy, RIFKIN est un prospectiviste américain vraiment intéressant qui conseille les décideurs également européens et qui propose souvent des visions assez innovantes dans la façon d’innover. Ce principe de thermodynamique va être à la base finalement de l’économie circulaire. On va avoir ensuite toute une série de pionniers qui ont travaillé sur cette économie circulaire, des pionniers dans les années 1960 déjà. Il s’agissait souvent soit de chimistes, c’était le cas de Bob AYRES qui est devenu professeur à l’INSEAD - maintenant il est parti en retraite - et qui a travaillé très tôt aux Etats-Unis pour essayer de comprendre comment finalement des productions par exemple de conserves étaient extrêmement consommatrices d’énergie et de matières et comment on pourrait réutiliser une partie des déchets qu’elles rejetaient pour les reproduire. Donc il était complètement dans une vision circulaire. Il est à l’origine des analyses de cycles de vies et des bilans de matières, des bilans énergétiques. D’autres auteurs importants comme René PASSET, un économiste français qui est à l’origine aussi de l’économie écologique, GEORGESCU-ROEGEN ont travaillé sur ces principes qu’on peut voir dans les années 60-70 et donc on a vu les bilans de matières, les bilans énergétiques se propager. Les Allemands aussi ont beaucoup travaillé sur cette question, le Wuppertal Institut a travaillé sur beaucoup de secteurs et beaucoup d’entreprises pour essayer de voir comment, par un recyclage, par un changement de matières premières, on pourrait améliorer les recyclages et on pourrait finalement avoir des bilans énergétiques et des bilans matériels bien meilleurs. On voit qu’ils sont vraiment à l’origine de cette économie circulaire. L’économie circulaire concerne en fait à la fois la conception, c’est-ce qu’on appelle l’éco-conception, c’est-à-dire que dès la conception du produit, on utilise des matériaux qui vont permettre le recyclage. Cela concerne l’écologie industrielle qui consiste à organiser la production différemment pour que, finalement, on ait davantage d’efficacité énergétique et matérielle. Donc elle repose, cette économie circulaire, sur une règle, qu’on appelle les 4R : réduire, réemployer, réutiliser, recycler. Et tout cela par le biais de processus économiques, d’innovations importantes pour permettre une diminution des émissions nettes de déchets mais aussi, bien entendu, une diminution en amont de l’utilisation des ressources naturelles. Donc voilà le mouvement de l’économie circulaire où vous avez les matières premières qui remontent le design du système de production, la conception même du système de production, la fabrication, la distribution, la consommation, la collecte et le recyclage. Et on voit, la boucle est bouclée puisqu’à partir du recyclage, on a une réutilisation en tant que matière première. Evidemment, en raison de la loi de l’entropie, il y a toujours une partie qui est inutilisable, c’est indéniable. On essaie de diminuer au maximum cette entropie mais c’est une limite de toute façon physique. Vous voyez donc ce schéma composé par la commission européenne pour complètement modifier le schéma linéaire que l’on a vu en introduction de cette séquence. L’économie circulaire donne lieu à énormément d’ouvrages. En France, il y a l’Institut de l’Economie Circulaire, et donc là je vous ai mis quelques exemples d’ouvrages et même la Chine se pose la question de l’économie circulaire. Evidemment, ce n’est pas étonnant compte tenu des problèmes de pollution que connaît la Chine. Donc le monde entier travaille sur l’économie circulaire sachant que l’Europe a une avance en la matière. L’économie circulaire, finalement, elle peut se faire de façon très large puisque la circularité peut conserver l’ensemble de la biosphère. N’oublions pas que la biosphère, c’est-à-dire la nature elle-même, a des boucles vertueuses. Elle est capable de traiter l’environnement et par exemple, il y a beaucoup de travaux de recherche qui concernent le captage du CO2 par les plantes pour ensuite réutiliser ce CO2 de façon bioénergétique, et d’autres travaux travaillent sur le captage du CO2 par les océans, les Etats-Unis notamment, et on voit là qu’on utilise la nature au sens large pour pouvoir élargir la circularité de l’économie. Je vous remercie.