Bonjour. Notre séquence va concerner aujourd’hui les différentes catégories d’éco-innovations. Les éco-innovations, on en a beaucoup entendu parler au moment de la COP21 en décembre 2015, il s’agit de solutions à des problèmes écologiques mais évidemment, les éco-innovations sont assez complexes. Beaucoup d’ouvrages, beaucoup d’analyses leur sont consacrées, donc il est indispensable de savoir un peu plus en détail de quoi on parle car cela revêt énormément de différentes catégories. Les différents types d’éco-innovations. Première chose que l’on peut dire, c’est que les éco-innovations sont des innovations à finalité écologique. Une fois que l’on a dit ça, on se penche du côté de la définition qui est communément admise, qui est une définition, comme vous allez le voir, suffisamment large pour nécessiter des éclaircissements. L’éco-innovation est la production, l’assimilation ou l’exploitation d’un produit, d’un procédé de production d’un service ou d’un outil managérial qui est nouveau pour l’organisation qui le développe ou l’adapte et qui conduit tout au long de son cycle de vie à la réduction des risques environnementaux, de la pollution et des autres impacts négatifs de l’utilisation des ressources, y compris de l’énergie comparativement à d’autres alternatifs pertinents. Comme vous pouvez en juger, il s’agit d’une définition complexe mais où on entrevoit que finalement l’éco-innovation, c’est un vaste champ d’innovations, de techniques, de procédés, de méthodes, d’organisations de services et donc nous allons essayer d’y voir un peu plus clair. Tout d’abord, il est important de faire une première distinction entre ce que l’on appelle éco-innovation ajoutée et éco-innovation intégrée. Pour être assez simple, les éco-innovations ajoutées consistent, comme le nom l’indique finalement, à ajouter un dispositif pour essayer de se débarrasser de la pollution. C’est ce qu’on appelle en général aussi des innovations de bout de chaîne ou palliatives. En d’autres termes, elles n’empêchent pas la pollution mais elles essaient, une fois qu’elle est arrivée, elles essaient de la contrecarrer. C’est par exemple tout ce que l’on a vu se développer autour des éco-industries en France, les industries de la dépollution de l’eau, des déchets, de l’air. C’est vraiment ce qu’on appelle des éco-industries et donc cela a permis à la France d’avoir un avantage compétitif pendant de très longues années puisque ces grands groupes qui travaillaient sur ces aspects de dépollution ont connu leur heure de gloire et continuent d’ailleurs à la connaître au niveau international 30 % du chiffre d’affaires des éco-entreprises françaises se fait à l’étranger. Alors bien entendu, les éco-innovations ajoutées continuent à exister, mais en fait, elles ne font souvent que déplacer la pollution. Par exemple, lorsqu’on va prendre des déchets toxiques et plutôt que les entreposer et de les brûler, cela va entraîner une pollution qui va être transférée dans les airs. Donc, cela pose quand même un problème qui a été mis en avant et depuis, on peut dire, l’apparition des pollutions dites globales dans les années 80-90, on s’est mis à réfléchir sur des éco-innovations plutôt intégrées, c'est-à-dire qui incorporent des caractéristiques environnementales dès leur conception. C’est aussi autour de l’éco-conception par exemple que l’on peut retrouver ces produits et ces procédés. Donc l’éco-innovation intégrée va permettre par exemple d’utiliser des matériaux recyclables. Donc voilà ce que l’on va retrouver sur cette forme. Une autre distinction importante est l’éco-innovation incrémentale par rapport à l’éco-innovation radicale. Les éco-innovations incrémentales consistent à améliorer du point de vue écologique une technologie qui existe déjà, par exemple avoir un véhicule hybride. Donc cela ne change pas, n’entraîne pas une rupture radicale dans le système de production d’une automobile, mais cela va ajouter, améliorer une technologie déjà existante. L’éco-innovation radicale, en revanche, elle est porteuse de ruptures, de ruptures importantes qui peuvent changer le mode de production, qui peuvent changer même la consommation, le style de vie et entraîner donc de nouvelles trajectoires technologiques. Les éco-innovations radicales sont des éco-innovations de rupture et cela peut entraîner la disparition de certains secteurs. Donc les éco-innovations radicales, on va les retrouver par exemple dans ce qu’on appelle la chimie verte ou la chimie sans chlore, donc une nouvelle façon de produire, de faire de la chimie sans utiliser des produits toxiques et nocifs pour l’environnement et, bien entendu, cela modifie entièrement la façon de faire de la chimie. On peut parler également des biocarburants, des carburants qui sont à base de produits biologiques, qu’il s’agisse de plantes, qu’il s’agisse de différentes formes d’énergies renouvelables. Donc ces biocarburants, également vont entraîner des changements radicaux dans, par exemple, le secteur des carburants qui reposent sur les hydrocarbures. Donc il est bien évident que cela entraîne une rupture. On peut aussi indiquer les technologies de l’information et de la communication appliquées au secteur de l’environnement, qui vont modifier radicalement la façon d’organiser l’efficacité énergétique puisqu’on peut mettre des bâtiments intelligents qui vont permettre de régler l’efficacité énergétique. Là aussi, on voit que cela va entraîner des changements radicaux, avec des métiers qui vont évoluer fortement. Donc ces innovations radicales, elles nécessitent aussi une recherche fondamentale extrêmement importante. C’est aussi cette innovation radicale qui est au cœur aujourd’hui de la compétitivité internationale et ce n’est pas pour rien que vous avez d’énormes programmes de recherche qui portent sur ces innovations et ces éco-innovations radicales, ce n’est pas pour rien par exemple que des pôles de compétitivité en France se sont constitués autour de ces problématiques, par exemple autour de l’éco-mobilité, par exemple autour de tout ce qu’on appelle la ville durable, autour des énergies renouvelables, des pôles de compétitivité où l’Etat et les secteurs concernés investissent avec le partenariat d’Universités de recherches publiques pour essayer d’accélérer la mise sur le marché de ces éco-innovations radicales qui vont entraîner des gains de compétitivité extrêmement importants, donc des programmes de recherche conséquents au niveau international autour de ces éco-innovations radicales. Alors, il y a une cinquième catégorie d’éco-innovation. Cette cinquième catégorie est elle aussi très importante au niveau de la compétitivité. Il s’agit de l’économie de la fonctionnalité ou le remplacement des produits par des services. Et on a là tout un pan d’innovations, d’éco-innovations qui est en train de se développer, surtout depuis les années 2000 avec le remplacement de la vente d’un produit par la vente d’un usage. Et donc finalement, le consommateur achète un service à la mobilité par exemple avec l’auto-partage, avec le vélo-partage, mais on n’a plus besoin d’acheter de voiture, on n’a plus besoin d’acheter de vélo. On a exactement le même système avec par exemple des gros produits électroménagers dans un certain nombre d’immeubles dans les pays d’Europe du Nord où on fait là encore du partage. Donc on voit que cette problématique entraîne la production de moins de produits mais plus de services et puis des produits qui durent plus longtemps. On a aussi des services d’efficacité énergétique où les producteurs d’énergie vont de plus en plus vous proposer des systèmes pour améliorer l’efficacité énergétique de votre bâtiment, de votre maison. Et donc on voit bien qu’à ce moment-là leur chiffre d’affaires ne repose plus uniquement sur la production d’énergie, mais sur des services d’efficacité énergétique. Donc, en fait, tout cela entraîne des nouvelles activités, des innovations, des éco-innovations et cette économie de la fonctionnalité, elle peut aussi se propager grâce quand même aux technologies de l’information et de la communication qui permettent de gérer tous ces systèmes de partage de façon plus efficace que par le passé. Alors, cela devient, comme je l’ai dit, primordial ces nouvelles formes de partage et là, vous verrez que dans les prochaines années, beaucoup d’activités nouvelles vont pouvoir se développer autour d’elles, et permettre de créer de nombreux emplois. Si nous essayons de synthétiser et de résumer les différentes formes d’éco-innovations que nous avons rencontrées au cours de cette séquence, ajoutée, intégrée, incrémentale, radicale, et d’usage, nous allons l’appliquer au secteur automobile pour y voir un petit peu plus clair. Donc, prenons l’exemple du filtre à particules qui peut être considéré véritablement comme une éco-innovation à la fois ajoutée et incrémentale puisqu’elle n’entraîne pas de rupture au niveau du secteur automobile et par ailleurs, cela consiste à ajouter en bout de chaîne un filtre pour essayer d’absorber les émissions de NOx, alors le filtre à particules incrémental et ajouté. Prenons maintenant le moteur hybride, le véhicule à moteur hybride. Là, ce serait plutôt de type intégré-incrémental. Intégré parce qu’il s’agit d’une éco-innovation qui va permettre d’être plus éco-efficient c'est-à-dire d’utiliser moins d’énergie et donc d’émettre par conséquent par exemple moins d’émission de CO2. En revanche, elle est plutôt de type incrémental puisque cette éco-innovation n’entraîne aucune rupture au niveau du secteur automobile. Alors maintenant, si on regarde une forme d’éco-innovation qui serait intégrée et radicale, c’est le véhicule intelligent qui serait réalisé à partir aussi de bio-matériaux et qui utilise au maximum des matériaux recyclables. Donc véhicule intelligent, c’est vraiment une éco-innovation radicale, une rupture importante au niveau du secteur automobile, dans la conception, la production et même dans les acteurs de la production automobile qui va nécessiter de plus en plus d’acteurs venus des systèmes intelligents, et puis également intégrée puisqu’à la fois il utilise des bio-matériaux renouvelables et également permettant le recyclage et également, puisqu’il est intelligent, il consomme moins d’énergie et bien évidemment, cela le aussi met dans la catégorie d’intégrée. Du côté de radicale et ajoutée, il est difficile de trouver une éco-innovation qui s’y rapporte. Et puis, nous avons cette dernière catégorie qui est l’éco-innovation d’usage, donc par exemple le car sharing, le partage des voitures réalisé par des systèmes là aussi intelligents, je crois que toutes ces éco-innovations d’usage seraient plutôt qualifiées d’intégrées et radicales, bien qu’il s’agisse finalement davantage de services que de produits. Vous voyez, les éco-innovations, un champ de compétitivité extrêmement conséquent pour les trente prochaines années. Merci.