Bonjour. Aujourd’hui, nous allons parler des différentes typologies de stratégies possibles des entreprises en matière de développement durable et nous allons voir qu’il y en a un grand nombre mais nous les avons regroupées autour de quatre grandes catégories. Donc aujourd’hui, typologies de stratégies des entreprises face au développement durable. La première stratégie en matière de développement durable pour les entreprises, est d’être délictuelle, c’est-à-dire, ne pas se conformer aux exigences réglementaires en matière écologique ou même sociétale. Et ce type d’entreprises, nous pouvons les retrouver soit dans des secteurs extrêmement polluants, ou bien nous pouvons avoir aussi des entreprises qui décident de se délocaliser dans des pays où les exigences environnementales, les réglementations environnementales, sont moins élevées. C’est ce qu’on appelle le dumping environnemental. Et à ce moment-là, elles ne vont pas être dans l’illégalité, mais nous voyons bien qu’elles jouent là dans un cadre qui est à la limite du délit. Bien entendu, ce type d’entreprises n’a aucune préoccupation de performance écologique. Elle n’investit pas en cette matière en interne. Elle n’a pas de politique environnementale et elle n’a en général pas non plus de direction de responsabilité sociétale en interne. Ces types d’entreprises, elles peuvent conduire à mener ce qu’on appelle le greenwashing, c’est-à-dire qu’elles peuvent très bien avoir des communications en matière écologique, mais il ne s’agit que de communication de surface. Et on peut regarder cette définition du greenwashing que je vous propose : il s’agit finalement de faire valoir la qualité écologique d’un produit ou d’une organisation - d’une entreprise, en l’occurrence - sans finalement avoir en aucun cas amélioré la performance environnementale réelle. Il y a un site infogreenwashing qui est assez intéressant, et que je vous invite à consulter, puisqu’il va indiquer, avec des exemples précis, les 7 péchés capitaux du greenwashing, qui peut aller de l’option cachée – c’est-à-dire que on peut très bien avoir, comme je l’ai indiqué tout à l’heure, une entreprise qui mène une activité tout à fait normale et qui obéisse à la réglementation dans un pays donné, mais qui décide d’aller délocaliser une partie de sa production ailleurs, là où les réglementations sont moins strictes en matière environnementale. On peut aussi avoir des entreprises qui se délocalisent pour bénéficier, par exemple, de coûts en main d’œuvre moins élevés : on a déjà vu les entreprises se faire condamner pour utiliser le travail des enfants dans certaines de leurs délocalisations ou également, recourir, par le biais de fournisseurs, aussi au travail des enfants. Donc on voit que le greenwashing peut regrouper un très grand nombre de possibilités. Nous avons une deuxième catégorie d’entreprises qui sont les entreprises conformes, suivistes, c’est-à-dire que celles-ci, elles se contentent de suivre la loi sans avoir de stratégie véritablement innovante en matière environnementale. Elles n’anticipent pas, elles n’ont pas de système de veille de prospective, pour essayer de voir comment, dans leur secteur, les évolutions en matière environnementale ou sociétale, vont se faire. Et elles considèrent tout simplement que l’environnement constitue une contrainte complémentaire par rapport à leurs coûts habituels. Une autre catégorie d’entreprises est celle que l’on qualifie de « proactive », c’est-à-dire celles qui mènent une stratégie anticipatrice et que l’on considère comme chefs de file en matière environnementale. Elles se fixent en général des objectifs assez élevés en matière de responsabilité environnementale ou sociétale, et elles vont utiliser en fait cette performance – qui est une performance extra-financière, leur performance environnementale, leur performance sociétale pour se démarquer et pour obtenir finalement des niches particulières. Nous pouvons donner l’exemple, dans les années 70, d’un certain nombre d’entreprises qui ont anticipé que les lessives devraient être sans phosphate – parce qu’auparavant, les lessives produisaient des phosphates et donc, cela entraînait la pollution conséquente des rivières. Donc, certaines entreprises du secteur ont anticipé et ont proposé sur le marché à un moment opportun, c’est-à-dire au moment où des réglementations commençaient à se discuter, des lessives sans phosphate. De la même façon, nous pouvons donner l’exemple, dans les discussions qu’il y a eu avec les pluies acides dans les années 1970 en Europe, les constructeurs automobiles allemands ont anticipé, ont réussi à proposer – parce qu’ils avaient anticipé, ils avaient fait des recherches - le pot catalytique pour réduire les émissions qui produisaient les pluies acides. Donc l’on voit qu’il y a là un certain nombre d’entreprises qui sont capables d’anticiper et de se mettre sur le créneau. Donnons aussi l’exemple d’entreprises comme par exemple la SMART, qui a tout à fait anticipé sur le marché finalement les véhicules propres. Une dernière catégorie qui se développe depuis peu, est celle que l’on considère comme étant de l’ordre des « éco entreprises », ou des entreprises sociétales. Ce sont en fait des entreprises qui sont écologiques dans leur finalité : leur produit est écologique, leur offre est écologique ou sociétale. Et c’est vraiment là une stratégie de niche tout à fait nouvelle et leurs missions ont trait à la préservation de l’environnement, ou bien à la résolution de problèmes sociétaux. C’est par exemple le cas des entreprises qui vont se développer autour de la filière bois, localement, pour produire par exemple des nouveaux matériaux de construction en bois. Ce sont par exemple des entreprises qui vont se développer autour des biomatériaux pour produire toute une série d’éléments utilisés dans les véhicules, et qui sont des biomatériaux à partir de plantes. Donc voilà typiquement ce qu’est une éco-entreprise. On pourrait avoir la même chose au niveau de l’entreprise sociétale, par exemple, une entreprise qui va se développer pour proposer du tourisme à des personnes handicapées. Ce type aussi d’entreprises, d’une dernière stratégie qui est vraiment au cœur, là on le voit, des considérations écologiques et sociétales. Les pressions pour adopter ce type de stratégie plutôt proactive ou plutôt de type sociétal, sont nombreuses. Et en réalité, les entreprises qui sont délictuelles, ou des entreprises qui se contentent d’être suivistes, encourent un certain nombre de pertes de compétitivité à terme. Parmi les facteurs de pression, il y a les facteurs juridiques, avec une réglementation qui est de plus en plus importante, et qui évolue rapidement ; il y a aussi des impératifs financiers, avec des contrôles des coûts de production, des gains d’efficacité, qui sont possibles lorsque l’on a une stratégie proactive qui permet d’être efficient dans sa production écologique ; il y a de plus en plus également de pressions commerciales, avec des normes internationales importantes qui doivent provenir des clients, bien entendu, mais aussi, des fournisseurs ; et puis il y a une pression sociale de la part de toute une série de parties prenantes, qu’il s’agisse de parties prenantes internes, comme par exemple les employés qui vont pousser peut-être en interne, à avoir des préoccupations beaucoup plus environnementales ou sociétales, mais aussi bien sûr, le public, les ONGs, les collectivités territoriales où se situent, où sont implantées les entreprises. On voit qu’il y a des facteurs qui sont plus ou moins importants en matière de stratégies environnementales et plus largement, de stratégies de développement des entreprises. Ces stratégies, elles sont aujourd’hui de plus en plus dépendantes de l’optimisation des procédés, de la gestion des coûts de production et puis de l’image publique. Donc, nous voyons qu’aujourd’hui, beaucoup d’éléments concourent à ce qu’une entreprise devienne proactive en matière de développement durable, mais mieux encore, que certaines entreprises se créent autour du créneau que constitue le développement durable. Je vous remercie.