Bonjour. Nous allons aujourd’hui essayer d’introduire un certain nombre de concepts-clés que l’on va retrouver pour une économie verte, pour une croissance verte comme l’on dit désormais. Donc concepts-clés pour une économie verte. Pendant la deuxième moitié du XXème siècle, on a pris conscience de la fragilité et de la complexité du capital naturel et on va voir se mettre en place un certain nombre de démarches qui sont extrêmement intéressantes puisqu’elles sont beaucoup plus ambitieuses que le simple arrêt de la croissance économique que l’on aurait pu voir arriver puisque c’était quand même un leitmotiv important des défenseurs de l’environnement. On va voir en fait se propager une nouvelle vision qui est celle de la croissance verte et du développement durable, donc nouvelle vision qui va allier compétitivité et préservation de l’environnement. C’est tellement vrai que dans les années 1990, on va voir des auteurs, comme Michael PORTER, qui sont des auteurs extrêmement importants au niveau des entreprises, propager un concept qui va connaître beaucoup de succès, qui est le concept de win-win strategy, de stratégie doublement gagnante, c’est-à-dire une stratégie qui permet à la fois d’être compétitif et de préserver l’environnement. Donc cette stratégie doublement gagnante, elle va être au cœur de ce que l’on va appeler la croissance verte, la croissance verte qui va connaître un vrai succès après les crises économiques et financières des années 2008 puisqu’avec cette croissance verte, on va penser qu’il est possible de renouer avec la croissance, mais une croissance différente, c’est-à-dire une croissance plus économe en ressources naturelles, moins émettrice de pollutions, et également une croissance qui repose sur des innovations, des éco-innovations comme on les appelle, des éco-innovations qui vont aussi permettre des créations d’emplois, de nouveaux métiers et donc être favorable aussi du point de vue de la dimension sociale. Cette croissance verte, elle permet tout d’abord un vrai découplage entre la croissance économique et l’utilisation du capital naturel. Regardons ce schéma qui permet de mieux comprendre de quoi il est question lorsque l’on parle de découplage. Nous avons les activités économiques représentées par le PNB, avec cette courbe rouge, la courbe de bien-être humain qui augmente de façon proportionnelle et nous voyons que la courbe d’usage des ressources naturelles décroche quelque part, c’est-à-dire qu’elle augmente moins vite, elle progresse moins vite que l’activité économique. C’est donc la partie de découplage entre l’usage de ressources naturelles et des activités économiques que l’on considère, et l’autre découplage, c’est celui qui consiste à avoir finalement une évolution des impacts sur l’environnement, ici c’est la pollution, qui diminue alors que les activités économiques augmentent. Donc, nous avons deux formes de découplages qui sont aujourd’hui considérées et qui reposent en fait sur une nouvelle façon de produire au niveau de l’activité économique. Pour pouvoir mesurer ce découplage, on a fait appel à des indicateurs, à des indicateurs d’efficience écologique, par exemple l’intensité carbone ou l’intensité écologique, l’intensité énergétique. Il y a toute une série d’indicateurs que l’on essaie d’expliciter ici puisqu’ils sont couramment utilisés au niveau des politiques nationales, comme par exemple des politiques de lutte contre le changement climatique, mais aussi au niveau des entreprises. Par exemple, prenons l’intensité carbone. Il s’agit de l’évolution des émissions de gaz effet de serre par rapport à la production économique d’un pays et on l’exprime en général en kg de CO2 par dollar de PIB. Cela c’est un indicateur du contenu carbone, du contenu finalement des principales émissions à effet de serre, donc d’une production. Nous avons aussi une intensité énergétique qui est un indicateur qui est couramment utilisé, qui désigne la consommation énergétique d’un pays, d’un secteur, d’une entreprise, et par rapport à son PIB ou par rapport à sa valeur ajoutée si on parle au niveau d’une entreprise. Donc cet indicateur mesure l’efficacité énergétique d’une économie nationale et on peut l’appliquer à beaucoup de secteurs, à beaucoup de différents types d’organisations. L’intensité écologique, c’est une mesure qui permet de mesurer la dégradation sur l’ensemble des systèmes écologiques par unité économique. Toute une série d’indicateurs qui nous aident à mesurer l’efficience écologique et qui vont nous permettre bien entendu de mesurer l’amélioration du découplage, ou non d’ailleurs du découplage entre économie et impact sur le capital naturel. Regardez ce schéma qui concerne la production de l’Europe et vous voyez qu’au niveau européen, nous assistons à un véritable découplage si on regarde le PNB par habitant qui a continué à croître alors que l’intensité énergétique de la croissance a connu une baisse beaucoup plus que proportionnelle, de même qu’une intensité carbonique en diminution et une population qui continue à augmenter. Donc on voit, chose très intéressante, c’est que l’Europe a connu un véritable découplage de sa croissance économique par rapport à sa consommation ou à sa dégradation sur le capital naturel. Comment cela est possible ? Cela est possible grâce à un certain nombre de mesures, des mesures qui ont trait par exemple à l’économie circulaire. L’économie circulaire, cela repose sur le respect et sur toute une série de créations de boucles positives par rapport à l’utilisation, à la réutilisation de matières ou de produits avant sa destruction finale. Et donc cette économie circulaire a donné naissance à des nouveaux modes de conception, de production, de consommation, a donné lieu au prolongement de la durée d’usage des produits, à des nouvelles conceptions, par exemple de zones industrielles où l’on met différentes catégories d’entreprises qui sont complémentaires du point de vue d’utilisation des déchets des unes qui deviennent des matières premières des autres si vous voulez. Par exemple aussi, on peut très bien avoir une chaufferie qui soit faite pour tout un quartier grâce tout simplement à une entreprise qui détruit des déchets, par exemple des déchets de cimenterie, et cela nécessite énormément de chaleur et cette chaleur, elle peut être récupérée pour chauffer tout un quartier. Donc cela, c’est vraiment l’économie circulaire. Puis il y a également l’économie de la fonctionnalité qui favorise l’usage plutôt que la possession de biens. Tout le monde a entendu parler d’Uber par exemple où on voit que, de plus en plus, on remplace un produit par un service, mais on pourrait donner en fait les exemples depuis de nombreuses années où on a remplacé la possession de photocopieuse par la location, le service que rend une photocopieuse. On peut donner aussi aux Etats-Unis l’exemple de DuPont de Nemours qui, désormais, ne vend plus des pots de peinture mais propose de peindre lui-même par exemple des automobiles. Cela signifie qu’il y a des services qui se font avec, cela veut dire, à ce moment-là, beaucoup plus de préoccupations sur un usage plus modéré des biens et, bien sûr, moins de produits, moins de conséquences sur l’environnement. Cela donne naissance, que ce soit l’économie circulaire ou l’économie de la fonctionnalité, à toute une série de nouvelles activités, des nouvelles activités qui peuvent se faire dans des grands groupes ou même être à l’origine de création d’entreprises, par exemple c’est tout ce que l’on retrouve autour de l’entreprenariat sociétal ou social dont il est largement question aujourd’hui au niveau des créations d’entreprises. Donc on voit qu’aujourd’hui, nous avons de nouveaux schémas qui se mettent en œuvre. Ici, par exemple, ce schéma de l’économie circulaire qui montre combien finalement on peut utiliser dans la production des matières premières qui ensuite peuvent être réutilisées ou réemployées pour la production de nouveaux. Donc nous avons là tout un travail de recyclage qui est largement discuté, notamment largement discuté au niveau européen puisqu’il y a une directive importante qui est en préparation autour de cette économie circulaire. Vous voyez que tout ce qui a trait au découplage entre croissance économique et consommation de capital naturel pour favoriser le développement durable est en route et est à l’origine de nouvelles activités économiques et c’est dans de sens que l’on peut bien dire qu’il y a un lien important désormais entre compétitivité économique et développement durable. Merci.