Bonjour. Je suis Sylvie FAUCHEUX, je suis professeur des universités au Cnam, spécialisée sur l’économie du développement durable. Aujourd’hui, nous allons essayer d’approcher ce concept de développement durable dont on parle beaucoup et vous en avez probablement entendu parler énormément lors de la préparation de la COP21, avant décembre 2015, et donc il s’agit aujourd’hui d’essayer de comprendre un peu mieux de quoi il s’agit. Depuis une vingtaine d’années, les pouvoirs publics, au niveau national, au niveau européen, au niveau international, parlent de développement durable et parlent également de responsabilité sociétale des entreprises. La responsabilité sociétale des entreprises ou la responsabilité sociale des entreprises, soyons clairs, ce n’est rien d’autre que la transposition du développement durable au niveau microéconomique, c’est-à-dire des entreprises ou des organisations, des organisations au sens large du terme. Le développement durable, aujourd’hui, fait plutôt référence à un nouveau projet de société. Un nouveau projet de société où nous avons besoin finalement de nous retrouver autour de nouvelles valeurs. Nous sommes confrontés à une crise écologique sans précédent. Alors bien entendu, il y a ce problème de changement climatique, mais il y a beaucoup d’autres problèmes environnementaux. Nous sommes confrontés à un problème de crise économique majeure au niveau international et nous sommes confrontés également à un problème de crise sociale, notamment avec des problèmes d’emploi, vraiment sociaux, mais aussi avec des problèmes de valeur et il s’agit de se retrouver autour finalement d’un nouveau projet de société et ce développement durable peut nous y aider. La notion de responsabilité sociale des entreprises, c’est une nouvelle vision du rôle de l’entreprise dans nos sociétés. Alors en effet, les entreprises, aujourd’hui, elles ne sont plus considérées comme devant uniquement faire des résultats financiers, du profit économique, mais aussi elles sont censées se préoccuper de leurs impacts sur l’ensemble de la société, que ce soit en termes d’emploi, que ce soit en termes également de leurs déchets environnementaux. Donc nous sommes là avec ces nouveaux objectifs, à la fois de société et en termes économiques. Une définition du développement durable qui est généralement admise est la suivante : le développement durable, c’est un développement qui permet de répondre aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Nous voyons arriver cette notion importante de générations futures qui n’était pas finalement une préoccupation dans le passé, et cela en tenant compte des dimensions environnementale, sociale et économique dans une perspective d’équité. Alors il s’agit d’un vaste programme, et c’est la raison pour laquelle il s’agit de comprendre un peu mieux de quoi il s’agit pour savoir quel type de politique et d’instrument, nous allons pouvoir mettre en place pour répondre à ce projet. Alors tout d’abord, j’attire votre attention sur le fait que le développement durable, c’est une triple obligation. Cela doit tenir compte à la fois des dimensions économique, sociale et environnementale. Donc c’est un point important et tout cela donc dans une préoccupation du très long terme. Les textes-clés du développement durable, il y en a deux. Le premier, c’est Notre Avenir A Tous que l’on appelle aussi le rapport Brundtland. Le rapport Brundtland est le fruit d’un travail qui avait été commandité par les Nations Unies lorsque les Nations Unies ont décidé de créer une commission pour l’environnement et le développement en 1983 avec, à sa tête, Madame Gro BRUNDTLAND, qui était la Premier Ministre norvégien de l’époque, et l’objectif était de commencer à mieux comprendre la relation qu’il pouvait y avoir entre des problèmes de développement et des problèmes d’environnement puisque nous étions à une période où la pauvreté ne faisait que s’accroître et les problèmes d’environnement également avec l’arrivée de, par exemple, le problème du changement climatique. Donc, en 1987 cette commission fournit son rapport Notre Avenir A Tous et dans ce rapport va apparaître pour la première fois le concept de développement durable en tant que tel. Quelques années plus tard, en 1992, lors du Sommet de la Terre à Rio, ce concept de développement durable va être propagé comme une politique prioritaire au niveau de tous les pays. Cette conférence de Rio est très importante, nous aurons l’occasion d’y revenir, car c’est aussi le moment où trois conventions internationales sur des problèmes écologiques majeurs vont être prises. Première convention, celle sur le changement climatique, la deuxième celle sur les problèmes de désertification, la troisième sur la question des pertes en biodiversité au niveau mondial. Donc 1992, une date-clé à Rio à partir de laquelle le développent durable va se propager, mais il va se propager aussi au niveau des entreprises puisque c’est aussi à ce moment-là qu’il va y avoir une coalition des grands groupes industriels mondiaux qui sont sensibles aux questions d’environnement. Cela va se constituer autour du World Business Council for Sustainable Development. Alors, quelques dates également de préhistoire du développement durable. Bien entendu, le développement durable se propage en 1987-1992, mais avant, il y avait eu des travaux au niveau international qui n’avaient pas connu autant de succès parce que finalement le terreau n’était pas encore propice. En 1972, il y a une première conférence sur l’environnement à Stockholm qui va commencer à poser des problèmes concrets sur l’environnement et en particulier dans les pays les plus pauvres. On peut aussi signaler en 1976 une conférence sur les habitats humains, qui pose le problème de la capacité de charge de la terre par rapport à l’accroissement de la population et aux accroissements de ses besoins en termes de consommation. Quelques auteurs importants comme WARNER, WARD, ce sont des auteurs anglo-saxons, sinon en France je vous conseille l’ouvrage de René PASSET, L’Economique Et Le Vivant, 1979. René PASSET qui était professeur d’économie à La Sorbonne, a été vraiment le précurseur de l’économie écologique en France et il va faire partie de tout un courant qui deviendra l’Ecological Economics plus tard. On peut signaler également 1972 le rapport des limites à la croissance, la croissance zéro par le Club de Rome, le Club de Rome constitué de toute une série de scientifiques de différentes disciplines, qui posent là, par un modèle qui s’appelle le modèle du monde, les limites que va rencontrer la croissance économique en raison d’une insuffisance de ressources naturelles et d’un accroissement des problèmes de pollution. Donc vous voyez que finalement tous ces rapports, tous ces travaux, ont permis au développement durable de pouvoir trouver des racines solides pour enfin se propager au moment opportun, et le moment opportun sera vraiment 1987-1992. Quelques idées de ces ouvrages que vous avez là, qui sont très nombreux, il y en a bien d’autres, et que vous pourrez retrouver, je l’imagine assez facilement. Pour conclure, on peut dire que le développement durable cherche à répondre à une crise écologique qui menace l’avenir de l’humanité et ce développement durable va mettre en évidence la nécessité de tenir compte des dimensions économique, sociale et écologique pour pouvoir poursuivre un chemin de développement pour l’ensemble de l’humanité. Je vous remercie.